Jean Dawson • NO SCOPE
Déshabillez-moi
15 novembre2015
« Dis-toi bien que tu ne meurs pas parce que tu es malade, mais parce que tu es vivant », écrit Montaigne. La maladie n’est alors qu’un symptôme de la vie. Une sorte de double preuve ; celle de la finitude de l’homme d’un côté et celle que la vie n’est justement pas finie, de l’autre. En ce sens, la maladie fait partie intégrante de l’homme.
Parce que tous sont touchés mais que chacun la vit différemment, la maladie est un vécu subjectif et universel. A chacun sa maladie. A chacun sa souffrance. A chacun sa manière de "vivre avec". Les maladies et les malades sont multiples. La manière de les soigner aussi.En confiant sa vulnérabilité au soignant, le patient choisit de sortir de la prison dans laquelle l’enferme sa souffrance et de s’ouvrir à celui en qui il met toute sa confiance : son médecin.
Comment celui-ci peut-il alors dans un même temps trouver les moyens les plus rationnels pour parvenir à une fin - achever la maladie - et en même temps prendre en considération la subjectivité de la souffrance individuelle ?
Si le médecin, pour soigner, a besoin de poser un diagnostic, d’objectiver la maladie, il doit en même temps veiller à ne pas déconsidérer l’importance du vécu subjectif du malade. Comment concilier la subjectivité du souffrant, le besoin d’objectivité du soignant et les limitations imposées à la médecine, non seulement par ses capacités techniques, mais aussi par les politiques publiques en matière de santé ?
La question de la maladie et de son traitement dépasse le couple soignant-soigné. La politique et la science transcendent en effet la relation qui s’institue entre le médecin et son patient. Comment les connaissances et savoir-faire techniques s’imbriquent-ils dans des questionnements éthiques et des logiques de stratégies politiques et de coûts publics ?
Comment se construit le contrat de confiance nécessaire entre un patient et son médecin quand son art est contraint par la limitation que lui imposent ses facultés, ses valeurs mais aussi la déontologie d’une profession, elle-même encadrée par des décisions politiques qui la dépassent ?
Si la maladie est l’affaire de chacun, elle n’en est pas moins l’affaire de tous. Comment penser la rupture entre une expérience hautement subjective et des logiques rationnelles qui nécessitent justement de dépasser toute subjectivité ?
C’est à toutes ces questions que nous essaierons de répondre avec notre invitée de ce soir : Céline Lefève, Maître de conférence en philosophie à l’université Paris Diderot, directrice du centre Canguilhem et responsable du programme Sorbonne Paris Cité « La Personne en médecine ». Elle a aussi dirigé, avec Lazare Benaroyo et Frédéric Worms l’ouvrage collectif intitulé « Les classiques du soin », publié chez PUF en octobre 2015.
Playlist :
Eminem et Doctor Dre, I need a doctor
Carole Douglas, Doctors Orders
Doc Gynéco, Viens voir le docteur
Animation : Mélanie Péclat
Réalisation technique : Christophe Da Cuhna
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