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Au menu de cette première Matinale de la semaine, deux types de portraits doux-amers : celui, réel, d’une nouvelle génération de paysans français sur laquelle ont enquêté Gaspard d’Allens et Lucille Leclerc, auteurs de Les néo-paysans (Seuil, 2016), et celui, fictionnel, de Jean, le héro ultra-connecté de La Vraie Vie (Futoropolis, 2016), une bande dessinée de Thomas Cadène et Grégroy Mardon.
Diplômés de Sciences Po Paris et journalistes pour le quotidien électronique écolo’ Reporterre, Gaspard d’Allens et Lucille Leclerc reviennent pour nous, en première partie d’émission, sur le périple qui a donné naissance à leur livre, Les néo-paysans. Pendant près d’un an, ils ont sillonné les routes de France à la rencontre de ces cultivateurs, maraîchers et éleveurs néophytes, sans ancrage familial dans le milieu. Venus à l’agriculture sur le tard, par convictions, pour réaliser un rêve ou tout simplement pour changer de vie, ces outsiders pour la plupart d'une trentaine d'années ne sont pas un phénomène isolé. Ils représentent aujourd’hui près de 30% des installations agricoles, un chiffre qui a doublé en 10 ans, entérinant ainsi radicalement le mouvement. Alors qu’une crise socio-économique sans précédent secoue actuellement le secteur, ces paysans d’un nouveau genre défient les systèmes de production conventionnels pour écrire, entre espoirs et désillusions, une autre histoire de la paysannerie française, plus engagée et militante. On peut néanmoins interroger sa capacité à faire système : plus fédéré que ses cousins des années 1970, ce mouvement des néo-paysans peut-il réellement faire évoluer le monde agricole ou est-il condamné à rester à la marge ?
« Ils ont un idéal fort, et c'est ce qui va les porter car quand on n'est pas issu du milieu agricole, on ne rêve pas d'une ferme à mille vaches, mais d'une ferme pour servir le pays, d'un éco-système qui soit beau. »
Retour à la ville en deuxième partie d’émission, où la parole est donnée à Thomas Cadène et Grégory Mardon, respectivement scénariste et dessinateur de La vraie vie, une bande-dessinée qui explore le quotidien physique et virtuel de Jean, cadre municipal d’une petite ville de province et accro à Internet. Au cœur de ce récit ultra-contemporain, une réflexion sur la construction et le développement des identités et avatars multiples que permet la vie en réseau. Des lignes pleines et des aplats de couleurs franches permettent un traitement plastique égal des scènes de la vie de tous les jours — journées de travail, cafés en terrasse — et de la vie sur le Net — Twitter, Netvibes, Counterstrikes et films pornos. En superposant ainsi intelligemment le système des cases de BD à celui de la navigation web à fenêtres multiples, les deux auteurs interrogent l’intégrité de la frontière censée régir les espaces concomitants de la vie réelle et de la vie connectée pour, in fine, abroger le problème : « Il n'y a pas de différences. On n'a qu'une seule vie. »
« Que ce soit au club de bridge ou sur Internet, il y a cette idée qu'on est toujours maître de ce que l'on fait. »
Enfin, la chronique de Jules analyse les correspondances entre la campagne de Jean-Luc Mélenchon et les outils de communication du candidat démocrate à la primaire américaine, Bernie Sanders, tandis que Dania décrypte et fait le point sur les mouvements pluriels de la « gauchosphère ».
Présentation : Camille Regache / Réalisation : Mikel Perez / Co-interview : Lorène Lavocat & Anna Péan /Chroniques : Jules Brussel & Dania Kaddur / Coordination : Elsa Landard & Camille Regache / Web : Maureen Lepers