La Matinale - Sken'City, quartier de la drogue, et...
La Matinale - Sken'City, quartier de la drogue, et fermeture du "Chêne"

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Culture
lundi 23 mai 2016
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Parisien.e.s, francilien.e.s, connaissez-vous Sken'City ? Non ? Streetpress a mené l'enquête, et un membre de la rédaction, Robin D'Angelo, vient vous la présenter dans cette Matinale. Sken'City, c'est un quartier à l'échelle d'une rue, l'angle de la rue de Maubeuge et Ambroise Paré à la Gare du Nord. Et comme à Paris, à chaque quartier sa drogue, Sken City est le lieu du Skénan, une "gélule rouge et blanche qui ressemble à du Daphalgan, qui est en fait du sulfate de morphine", explique le journaliste, un anti-douleur légal assez puissant, prescrit au départ pour les malades atteints de cancers ou de pathologies plus légères, comme les hernies discales. Hors du circuit médical, dans les rues de Paris, il a supplanté l'héroïne, "car le skénan est beaucoup moins cher, une gélule coûte entre 2,50 et 5 euros dans la rue, beaucoup d'usagers s'en injectent une par jour, alors que le gramme d’héroïne coûte 40 euros, et on se fait deux shoots avec". Et surtout, "l’héroïne est beaucoup coupée, alors que le skénan, c'est toujours le même produit".Difficile d'estimer le nombre d'addicts présents dans le quartier, "on estime à 80 personnes prises en charge chaque jour par les associations sur place", explique Robin D'Angelo, "à l'échelle d'un quartier, cela donne autour de 300 personnes qui se rendent quotidiennement à la Gare du Nord". 

"C'est étonnant de voir à quel point chaque drogue va avoir ses quartiers. Là bas, à Sken'City, on trouvera presque jamais de la méthadone, ou du subutex, par contre il suffit de remonter quelques blocs plus au nord vers la Goutte d'or, et on trouvera plus de Skénan. Pour le crack, il y a la Rotonde à Stalingrad. Le fait que ce soit si séparé, c'est peut-être dû à l'enclavement de ces quartiers, ce sont des zones ou les gens ne vont plus à partir d'une certaine heure, où il y a peu de commerces, c'est un peu désaffecté, où qu'il y a des bâtiments administratifs". 

Nouvelle fermeture annoncée d'un lieu alternatif à Villejuif : le Chêne. Pour en parler dans la Matinale, Paul Dedieu, membre du Collectif Le Chêne, et Maïté Henry, chargée de développement à la Ressourcerie du Spectacle, une des trois associations résidentes de cette ancienne carrosserie transformée en lieu de création. "Le fil conducteur entre toutes les associations est simple, c'est le réemploi" explique Maïté Henry, le réemploi de "matériel de son, lumières, de matériaux qu'on revalorise et remet à disposition pour des projets culturels" dans le cas de l'asso "La Ressourcerie du spectacle". Des résidences d'artistes sont également organisées, et "les locaux sont mis à disposition pour des peintres, des forgerons, pour des compagnies de théâtre ou de musique" explique Paul Dedieu. 

Sauf que la convention passée avec l'ancienne municipalité communiste de Villejuif prend fin, et ne sera pas renouvelée par la municipalité de droite aujourd'hui en place. Le Chêne cherche donc un nouveau local, mais l'équipe est confrontée au manque d'interlocuteurs, au manque de dialogue. Et aucune solution de relogement n'a été trouvée pour le moment. "La date [d'expulsion] du 1er juillet peut être négociable", souligne Maïté, mais "le bati a été vendu à un promoteur immobilier, qui doit contruire un foyer d'accueil pour travailleurs immigrés, donc bon, c'est du social donc difficile de s'opposer à cela". Alors seuls moyens d'action : sensibiliser les autres municipalités pour trouver un nouveau local, organiser une pétition, et une journée de "sit up" samedi 28 mai. 

"On a aucune solution de relogement, c'est le silence pour le moment. Il reste un mois, on a une pétition en ligne qui nous apporte un soutien,  il reste encore beaucoup de jours donc beaucoup de choses peuvent se passer, mais au-delà du 1er juillet, c'est un mystère." Paul Dedieu, membre du Collectif Le Chêne 

Dans sa chronique, Dania revient sur le parcours cinématographique de Ken Loach, réalisateur britannique qui a reçu hier à Cannes la seconde palme d'or de sa carrière. Idées ciné pour les jours pluvieux à venir.  Les "talents" français partent de plus en plus à l'étranger après leurs études, selon un rapport du Conseil d'Analyse Economique, Valentin vous en dit plus dans sa chronique en fin d'émission. 

Présentation : Thibaud Texeire / Réalisation : Tiffany Battistel / Co-interview : Xenia Ivanova & Léa Capuano / Chroniques : Dania Kaddur & Valentin Baudena / Coordination : Elsa Landard & Camille Regache / Web : Camille Regache

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