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Déshabillez-moi! Le Désir 01/05/2014 Ce soir, « Déshabillez-moi » s’attaque à un sujet brûlant : le désir. Mais, c’est promis, notre invitée, Mélanie et moi-même tenterons de déshabiller avec vous le désir avec douceur et précaution. Parce que ces choses là, c’est fragile… Alors, le désir c’est quoi ? La philosophie dit relativement peu de choses à propos de l’amour. Quand elle en parle, c’est souvent avec une certaine distance qui confinerait presque à la condescendance. Pour autant, la question de l’amour pose celle du désir mais ne peut y être réduite. Comment selon cette perspective peut-on définir le désir ? Peut-on faire une différence entre une philosophie du désir et une philosophie de l’amour ? Et si oui, quelles différences? Dès Le Banquet de Platon, désir et amour semblent se confondre. Si l’on considère Le Banquet comme une philosophie du désir, émerge immédiatement un autre concept : celui du manque. Dans la conception de Platon, désir et manque sont intimement liés. S’il n’y a pas de manque, il n’y a pas de désir. La satisfaction du désir tue le manque et par là même, le désir. L’ombre du désir se figure donc dans les notions effrayantes d’insatisfaction, de frustration et de manque. Ainsi, aborder la question du désir rend nécessaire de plonger au cœur d’une position désagréable et inconfortable, mais pour le moins paradoxale. Désirer quelque chose ou quelqu’un n’en reste pas moins une position souhaitable et souhaitée. Mais pourquoi ? Pourquoi le sujet désirant est-il une position recherchée ? Pourquoi vaudrait-il mieux désirer quelque chose ou quelqu’un plutôt que se repaitre d’une satisfaction simple et tranquille ? La question se pose et ce dès l’antiquité, avec la philosophie d’Epicure par exemple. Epicure développe la doctrine de l’ataraxie, qui définit le bonheur comme une absence de trouble et de douleur. Le secret du bonheur résiderait dans notre capacité à faire la différence entre désirs naturels et désirs non naturels, désirs nécessaires et désirs non nécessaires. Pour être heureux, il s’agit dès lors de choisir quels désirs satisfaire et de ne pas se tromper. Quoiqu’il en soit, la question du désir est solidaire de celle du bonheur. Mais alors, comment mettre de l’ordre dans nos désirs ? Comment ne pas en devenir les esclaves et comment, chemin faisant, être heureux ? Si la question du désir pose celle du bonheur et du manque, elle n’en pose pas moins, comme je le disais tout à l’heure, celle de l’amour. En philosophie, peut-on réduire l’amour au désir ? Certainement pas, nous dit Alain Badiou dans son Eloge de l’amour. Dans cet opuscule, Badiou reprend Rimbaud et nous dit (Une saison en enfer, Délires I) : « L’amour est à réinventer, on le sait ». Mais quid du désir ? Un des terrains de prédilection de la question du désir se situe au cœur même de la sexualité, dans la logique subtile du rapport sexuel. A ce sujet, Badiou reprend Lacan qui nous explique qu’« il n’y a pas de rapport sexuel ». Que veut dire Lacan par là ? S’il n’y a pas de rapport sexuel, c’est car la sexualité ne met pas en relation. Lors d’une relation sexuelle, chaque individu demeure dans sa propre jouissance, via la médiation du corps de l’autre. Pas de rapport sexuel donc, mais un rapport avec soi-même par le truchement de l’autre. La relation sexuelle qui néanmoins n’exclut pas le désir laisse donc un vide. Et c’est l’amour, qui supplée à ce vide. Le désir, lui, s’adresse à l’autre de manière toujours un peu fétichiste. Le désir s’adresse à des seins, à des fesses, etc. L’amour, quant à lui, s’adresse à l’autre dans son intégralité. Ce qui nous intéresse dans la position philosophique de Badiou, c’est qu’il s’oppose à l’idée que l’amour ne serait qu’une illusion, que l’amour ne serait que l’oripeau du désir. Il s’agit donc de s’opposer à cette idée, rabâchée jusqu’à l’épuisement, qui fait du désir la seule chose réelle. S’opposer à cette idée qui voudrait que l’amour ne soit qu’une construction imaginaire, plaquée sur le désir sexuel. Retenons l’essentiel de la position de Badiou : le désir sexuel ainsi que son accomplissement sont la preuve matérielle, la preuve liée au corps, que l’amour est autre chose qu’une déclaration, autre chose qu’un fait de langage. Je cite Badiou « Livrer son corps, se déshabiller, être nu(e) pour l’autre, accomplir les gestes immémoriaux, renoncer à toute pudeur, crier, toute cette entrée en scène du corps vaut preuve d’un abandon à l’amour. » Dans cette perspective, c’est l’amour qui produit les effets du désir et non l’inverse. Mais je ne vous en dirais pas plus. Je ne vous dirais pas quelle philosophie de l’amour propose Alain Badiou parce que premièrement, notre sujet c’est le désir et puis, il faut vous laisser un peu frustrés et toujours curieux, enfin, désirants. Mais place à notre invitée pour tenter d’aborder toutes ces questions et même bien plus encore. Playlist : Ana Karina, Sous le soleil exactement Bob Dylan, One more cup of coffee Cléa Vincent, All that she wants Animation : Anaïs et Mélanie Invitée : Mystère! Réalisation : Charlène
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