Gilone • Run
Déshabillez-moi 3 mai 2015
« Je suis né en 1952, en plein baby-boom américain. Pour tout individu qui a grandi au début de la seconde moitié du XXIe siècle, comme moi, l’avenir et ses potentialités terrifiantes étaient définis par deux livres : 1984 de Georges Orwell et Le Meilleur des mondes d’Aldous Huxley. Ces deux livres étaient infiniment plus prémonitoires que tout autre à l’époque, parce qu’ils étaient centrés sur deux techniques différentes qui allaient effectivement apparaître et définir le monde au cours des deux générations suivantes. 1984 abordait ce que l’on appelle maintenant les techniques de l’information ; l’instrument essentiel du vaste empire totalitaire instauré en Océania est un équipement appelé le « télécrant », vaste panneau oblong encastré dans un mur qui peut à la fois émettre et recevoir des images de chaque foyer individuel, centralisé chez un Big Brother à vocation de contrôleur universel. (…) Le Meilleur des mondes, de son côté, abordait l’autre grande révolution technologique qui allait naître, celle de la biotechnique. La « bokanovskification », c’est-à-dire la procréation non pas in utero mais in vitro ; la drogue appelée soma, procurant aux individus le bonheur instantané (…) et les modifications du comportement induites par répétition constante et subliminale (et par administration de diverses hormones, si cela ne suffit pas) – tout cela donnait à ce livre son atmosphère particulièrement terrifiante. » C’est ainsi que Francis Fukuyama ouvre son ouvrage La fin de l’homme, les conséquences de la révolution biotechnique, publié en 2002. Et c’est avec lui que nous faisons un léger crochet par le passé pour démarrer notre réflexion sur les liens entre la philosophie et la science fiction. Si le film Matrix a mis en lumière, pour le grand public, les liens étroits qu’elles peuvent entretenir – impossible en effet de ne pas y voir la référence à la caverne de Platon – les auteurs de science fiction, les cinéastes et autres essayistes n’ont pas attendu 1999 pour s’approprier des problématiques philosophiques. Mais l’intérêt est réciproque et la science fiction aussi est un objet de réflexion pour les philosophes. C’est le cas de notre invitée, Sylvie Allouche, Docteur en philosophie et Maître de conférences à l’Université Catholique de Lyon, à cheval entre la science dite « dure » et les sciences humaines et spécialiste de la relation entre philosophie et fiction et plus précisément entre philosophie et science fiction. Quand et comment la science fiction est-elle devenue un objet d’étude pour les philosophes ? Comment la science-fiction inspire et s’inspire de la philosophie ? Comment la philosophie et la science fiction pensent-elles notre monde en général et l’homme en particulier ? C’est à toutes ces questions, et bien d’autres, que nous essaierons de répondre ce soir. Playlist : Felix Kubin, Hotel Supernova Christine Pilzer, Mon p'tit homme spatial Extraits : Bande annonce du film Interstellar de Christopher Nolan Spot annonçant la série Black Mirror (saison 1, épisode 3) sur France 4 Invitée : Sylvie Allouche Animation : Mélanie Péclat Réalisation : Corentin Kerdraon
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