Altin Gün • Goca Dünya
Déshabillez-moi
Décembre 2015
Condition de tout être vivant, la mort témoigne de notre finitude. Nous naissons, nous vivons, nous mourrons. Et même si on a parfois le sentiment qu’elle ne nous touchera pas, nous sommes pourtant contraints de s’avouer vaincu. Oui, nous finirons, nous aussi, par mourir. Un jour. Demain, après-demain, dans 10, 15, 20 ou 30 ans.
Je me souviens d’un cours de philosophie où mon professeur de terminale nous avait confié cette histoire. Il se promenait avec son fils dans un musée d’histoire naturelle. D’animaux empaillés en reproductions de dinosaure, celui-ci a eu une révélation : si ces animaux sont morts, ont disparus de la planète terre, c’est que ça arrive à tout le monde. - "Toi aussi, papa, tu vas mourir un jour ?" - "Oui." - " Mais alors ça veut dire que MOI aussi, je vais mourir ?"
Venir au monde implique nécessairement d’en disparaître. Un jour. Certains ont la chance de vivre longtemps, d’autres voient leur vie avortée alors même qu’ils n’ont à peine eu le temps de se sentir en vie. Elle est ce qui nous réunit tous. Pas d’inégalité face à la mort. On va tous y passer.
Et pourtant, n’est-il pas de vérité plus difficile à accepter ? Pourquoi vivre si la vie a une fin ? Comment vivre si la vie doit se terminer ? Parfois doucement ? Parfois dans la douleur ?
Dans notre société où vieillir est considéré comme un défaut, où chacun doit se montrer jeune, dynamique, avenant et ouvert, n’essaie-t-on pas de se cacher à nous-mêmes et à tous la difficile vérité : tous nous mourrons.
Jamais la jeunesse a été autant valorisée. Jamais la vieillesse et la mort ont été rejetées. Et pourtant nous considérons qu’une vie de souffrance et de douleur n’est pas digne. On choisit la vie. Mais pas n’importe quelle vie. Une vie de jeunesse, une vie douce, une vie belle.
Comment comprendre cette ambivalence face à la mort? Comment vouloir en même temps la repousser et la souhaiter tout aussi fort ?Ces questions sont souvent résolues dans la volonté d’appliquer un sens. Donner un sens à la vie. Donner un sens à la mort. Ne pas mourir pour rien.Ne pas vivre pour rien. Mais est-ce réellement une réponse ou plutôt l’aveu d’un échec ?
Aveu de notre incapacité à saisir la vie ? Ne faut-il pas reprendre possession de notre finitude pour vivre libre ? Choisir sa mort, le moment de sa mort, est-ce comme choisir sa vie ? Peut-on faire de nous-mêmes tout ce que l’on désire ou doit-on s’imposer des limites ? Vire ou mourir ? Vivre et mourir ? Comment penser l’un et l’autre ? Comment vivre l’un et l’autre ?
C’est à toutes ces questions, et bien d’autre, que nous essaierons de répondre ce soir avec notre invité :
Bertrand Vergely, philosophe et auteur – entre autres – de l’essai Entretiens au bord de la mort, publié chez Bartillat en 2015.
Extraits :
Reportage France2 : Le cas Vincent Lambert.
True Detective, Saison 1 Episode 1
Playlist :
Odessa, My Friends never die
Phoenix, Countdown
Animation : Mélanie Péclat
Réalisation : Christophe Da Cunha
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