RADIO U • Bordel organisé - 2024-11-24 - Clet
5 minutes pour aborder les plus grandes répliques du cinéma : c’est le retour estival de Ma ligne de chance, sur Radio Campus Paris. Nous découvrons aujourd'hui A bout de souffle de Jean-Luc Godard. En particulier, une des premières scènes interroge ce qu'on appelle "l'effet de distanciation".
https://www.youtube.com/watch?v=02yI38FXlzQ
« Si vous n’aimez pas la mer, si vous n’aimez pas la montagne, si vous n’aimez pas la ville, allez-vous faire foutre ! ». Cette réplique de Jean-Paul Belmondo nous a donné à penser. Voici notre interprétation, subjective bien sûr, de cette trouvaille du scénariste-réalisateur Jean-Luc Godard.
Michel Poiccard, personnage principal du film, est interprété (à merveille) par Jean-Luc Belmondo. Or ce jeune homme insolent et quelque peu voyou a réussi à voler une voiture à Marseille. Il décide ainsi de se rendre à Paris. En chemin, il tourne la tête vers l’objectif. Il adresse alors un des plus célèbres regards caméras de l’histoire du cinéma et de la Nouvelle Vague. C’est l’occasion de sa célèbre réplique.
Avant 1960, le cinéma avait bien sûr déjà connu de magnifiques regards caméra. Ainsi, on peut penser à celui d’Harriet Andersson, jouant Monika, personnage éponyme du film d’Ingmar Bergman. Et on se souviendra également de celui de Jean-Pierre Léaud, jouant Antoine Doisnel, à la fin des 400 Coups de François Truffaut. Mais ces regards caméras étaient muets, si bien qu’ils maintenaient une certaine ambiguïté. Or ce n’est pas le cas avec Michel joué par Belmondo: en effet, il s’adresse directement au spectateur, rompant en quelque sorte le 4emur cinématographique. En faisant ça, il empêche l’identification totale d’un acteur (Jean-Paul Belmondo) à un personnage (Michel Poiccard). Ce qui se rapproche fortement de l'effet de distanciation, principe théorisé par le dramaturge Bertolt Brecht. Pour mieux comprendre de quoi il en retourne, écoutez notre podcast !
Les références de l'émission:
Pour aller plus loin:
Sur l'esthétique de la Nouvelle Vague, les autres films majeurs de Truffaut et Godard.
A propos d'une autre esthétique théâtrale du 20e siècle: le "théâtre de la cruauté" d'Antonin Artaud.
Sur l'insulte comme objet d'étude philosophique, Généalogie de l'insulte d'Ollivier Pourriol.
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