L'émission géographique et musicale • Mappemonde
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Des chansons teintées de récits personnels, qui se mêlent avec l’acquisition de nouveaux droits tout au long de l’histoire des luttes LGBT+. Des corps, des identités, des revendications, une parenthèse musico-militante...
Et cela commence dès les années 20, avec Ma Rainey, Gestrude ‘ma’ Rainey. Elle est surnommée la mère du blues. Elle chante sa fierté d’être noire et indépendante, réclame les mêmes droits et le même salaire que les hommes et se revendique haut et fort bisexuelle. Dans Prove it on me, Prouvez-le en anglais, elle met au défi les autorités de prouver qu’elle est homosexuelle, une véritable provocation pour l’époque. Et le texte lui même n’use pas de métaphore, elle affirme ne pas aimer les hommes, être amoureuse d’une femme, et de l’assumer. C’est ici la première chanson, le premier hymne qui traite ouvertement de l’homosexualité féminine.
Mais c’est l’un des rares textes du genre. Si l’homosexualité masculine a été chanté sans détour, l’amour entre femmes se fait rare dans la chanson. Mis à part Mécano et leur chanson une femme avec une femme, difficile d’en citer une.
Les auteurs et autrices se camouflent derrière quelques phrases, comme dans maman a tort de mylène farmer, je cite : trois, l’infirmière pleure, quatre je l’aime” ou encore dans les doigts de Françoise Hardy : quand je t’apprends sur le bout de mes doigts écrite par la guitariste brésilienne Tuca, ouvertement lesbienne. Mais certaines chansons lesbiennes se cachent parfois derrière des hits comme Joe Le Taxi.
Car Joe n’est pas un homme, non. Joe est Maria-José Leao Dos Santos, organisatrice de soirées lesbiennes. Elle fut taxi dans les années 80. Seule phrase qui permet de le deviner, “"Vas-y Joe, Vas-y fonce, dans la nuit vers l' Amazone" rouler vers l’amazone, comprenez vers les femmes.
Depuis les années 80, les histoires d’amour homosexuelles se font plus nombreuses sur nos ondes… Mais les droits LGBT ne sont pas équivalents à travers le globe. Par exemple, au Liban, être queer reste un parcours du combattant, l’homosexualité toujours perçue comme un crime. Pour marquer leur opposition, le groupe Mashrou Leila parle régulièrement de drogue et de sexualité, en s’attirant les foudres d’un pays conservateur. Mais ils utilisent quelques subterfuges… Dans leur chanson Shim el Yasmine, littéralement sent le jasmin, le groupe utilise l'ambiguïté de l’arabe libanis traditionnel qui n’utilise pas de pronom genré, pour conter une histoire d’amour entre hommes.
Mais il n’y a pas que des chanteurs et chanteuses qui s’emparent de la musique pour chanter l’amour libre, il y a aussi des militantes. Et voici une petite pépite : Françoise d’Eaubonne, militante emblématique du droit des femmes, philosophe et essayiste, cofondatrice du MLF compose une chanson pour le FHAR, le front homosexuel d’action révolutionnaire. Un hymne sur l’air de Mauvaise réputation de Brassens, chanté pour la première fois lors de la manifestation du 1er Mai 1971, les paroles sont savoureuses.
L’histoire de la lutte LGBT+ est aussi une histoire d’identité et de corps. La question de la transidentité à quelques fois été abordée, et décrit des parcours de vie, c’est le cas d'Anonhi Hegarty du groupe Antony and the Johnsons, avec sa voix si particulière. La voici dans sa chanson “For today i am a boy” où elle raconte que s un jour, elle le sait, elle grandira, et qu’elle deviendra une belle femme, mais que pour l’instant elle n’est encore qu’un garçon.
D’autres chanteurs et chanteuses se sont engagés pour l’acquisition de nouveaux droits, et les revendications peuvent être joyeuses. Je ne résiste pas à l’envie de vous passer Anne Sylvestre. Nous sommes en 2007, donc 5 ans avant l’adoption du mariage pour tous et toutes, elle chante gay gay marions nous, où deux voisines d'un certain âge décident de convoler en justes noces, même si « ça va pas plaire au pape ».
Je ne peux pas terminer cette chronique sans parler sans parler des balls et du voguing, Popularisé par le titre Vogue de Madonna, les ballrooms sont des lieux d’émancipation et de liberté car derrière ces compétitions et affrontements se cachaient surtout des familles alternatives pour de nombreuses jeunes noirs et latinos queer, complétement rejetées par leur famille.
Mon dernier cadeau de la soirée est une musique entrainante, Nails, Hair, Hips, Heels de Todrick Hall.
Allez, strike a pose !
Pour aller un peu plus loin en musique : la formidable série musicale d’été de Natacha Triou faire tomber les genres, des libérations sexuelles musique en 5 épisodes sur France Culture et le livre “Les dessous lesbiens de la chanson” de Léa Lootgieter et Pauline Paris aux éditions iXè.