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En Pleines Formes reçoit ce mois-ci Aurélien Mole, co-auteur avec Garance Chabert de l'ouvrage Les artistes iconographes (Empire, 2018) et les artistes Lucie Planty et Édouard Taufenbach, afin d'interroger l'usage, dans l'art contemporain, de l'image "déjà là".
Appropriation, citation, copie, hommage, pastiche… autant de termes qui désignent un même geste, celui de faire exister avec plus ou moins de littéralité un texte dans un autre texte. C’est du moins la définition que donne Gérard Genette à l’intertextualité dans son ouvrage Palimpseste, analysant et détaillant les différentes façons dont les textes littéraires sont déjà porteurs d’autres textes, d’autres couches de sens et de signification. De la même manière, et souvent selon des logiques similaires, l’image déjà là est, dans la tradition artistique, un fantôme, à la fois insaisissable, et pourtant partout. Et cette image déjà là joue le même rôle pour le théoricien qui essaye de la penser : partout présente, mais toujours différente. En effet, comment qualifier cette image déjà là, entre l’archive telle que pouvait le penser Arlette Farge, ou le document que conceptualise Michel Foucault. Le geste de la reprise, du remploi, trouve depuis des siècles de multiples formes et de multiples intentions. Ce sont par les tableaux dans le tableau, partout chez Vermeer ; ce sont les innombrables copies et pastiches faits à la Joconde, chez Roman Cieslewicz ou Peter Saul. Ce sont aussi les images retravaillées au point d’être rendue effervescentes chez Gerhard Richter, les « copies » très postmodernes des photographies de Walker Evans par Sherrie Levine, etc. Le geste de la reprise constitue bien un mode opératoire qui permet de subsumer, de faire converger des pratiques, des intentions artistiques variées.
Où la choisit-on, comment la sélectionne-t-on, et selon quels modes opératoires ? Quel traitement, quel degré d’altération, de modification fait-on subir à l’image ? Quel discours sur l’omniprésence des images, où l’inverse sur une raréfaction de leur qualité, d’un regard sur l’art détaché de toute contamination visuelle ces œuvres portent-elles ? Une typologie de ces pratiques est-elle possible, et aurait-elle même un sens ?
Animation et interview : Flore Di Sciullo, Henri Guette
Réalisation : Lorna Bihi
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