Baston • Maybe I'm Dead
Cette émission a été réalisée en collaboration avec Pipe au bec
"C'est pas l'homme qui prend la mer, c'est la mer qui prend l'homme !" dit Renaud dans une de ses chansons. C'est dire : la mer nous fascine, que ce soit en musique, en littérature, ici ou là, à telle ou telle époque. Car qui dit mer, dit voyages, et imaginaire... Tour à tour mythologique, puissance insurmontable, mais aussi d’une terrible beauté. C’est bien Ulysse, dans l’Odyssée, qui erre pendant plus de dix ans sur son bateau, cherchant désespérément à regagner son gîte. Une puissance presque diabolique, donc, comme le montre aussi, des siècles plus tard, Samuel Coleridge, avec sa Complainte du Vieux Marin (1797) : après avoir tué un albatros, le marin est condamné à observer ses compagnons mourir sur le bateau, tandis que les hallucinations se multiplient. La mer, chez Herman Melville, n’a plus tellement cette dimension magique mais est un lieu sauvage que l’homme doit apprendre à dompter, ainsi que les animaux qui la peuple, comme le fameux Moby Dick (1851). Et c’est, avant tout, un univers très masculin, comme le montre toute la série écrite par Patrick O’Brian (le premier volume, Maître à bord, est publié en 1969), centrée autour de l’amitié entre le capitaine de navire et le chirurgien de bord, qui a été adaptée à l’écran sous le titre de Master and Commander (2003). Justement, certains auteurs prennent le contre-pieds de ces clichés : Jorge Luis Borges, dans son Histoire Universelle de l’Infamie (1935), énumère plusieurs destins de femmes corsaires : Mary Read, Anne Bonney et la veuve l’amiral Ching, dans la nouvelle « La veuve Ching, pirate ». Une manière de leur faire un dernier hommage...
Quant à nous, nous parlerons d’auteurs contemporains, encore bel et bien vivants, qui ont un regard contrasté sur cet espace mythique qu’est la mer. Car c’est avant tout un lieu de passage et d’échanges, pour les marchandises et êtres humains : nous ferons donc escale à l’Institut du Monde Arabe, pour sa dernière exposition, Aventuriers des mers, de Sindbad à Marco Polo (jusqu'au 26 février).
Et puis, cap sur l'Islande et ses pêcheurs à la morue : la chronique d'Antoine parlera de Jon Kalman Stefansson, et nous confrontera à des personnages aux questionnements existentiels, face aux éléments furieux dans Entre Ciel et Terre (2007).
L’actualité littéraire nous rattrape, et donc un petit focus sur le dernier né de la série De Cape et de Crocs : voilà enfin le tome 12, Si ce n’est toi… qui est arrivé dans les bacs en décembre dernier ! Alain Ayrolles et Jean-Luc Masbou abordent les thèmes des mousquetaires, de la piraterie et de la chasse au trésor avec des dialogues rimés, et ce, depuis la bande dessinée !
Pour terminer, pourquoi ne pas revenir sur la belle série Les passagers du vent, de François Bourgeon qui, comme Borges, fait la part belle à un personnage atypique et haut en couleurs : je veux parler d'Isabeau, qui explore le monde marin du XVIIIe siècle, et notamment le commerce triangulaire.
Le tout sera bien sûr agrémenté de musiques ! Dérouillez-vous bien les oreilles avec :
A l'animation : Antoine et Eléonore
Notre fidèle réalisateur : Julien
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