En ce mois de février 2016, nous fêtons le centenaire Dada.

Le 5 février 1916 plus exactement, Hugo Ball et sa compagne Emmy Hennings fondent le cabaret voltaire inaugurant cette salle à Zurich et quelques jours plus tard, Tristan Tzara, Sophie Taeuber, Marcel Janco et Hans Arp piochent ce drôle de nom au pif : ce sera Dada. Hans Arp, nous livre d'ailleurs à ce propos un témoignage bouleversant, je cite :

« Tzara a trouvé le mot Dada le 8 février 1916 à 6 heures du soir ; j’étais présent avec mes 12 enfants lorsque Tzara a prononcé pour la première fois ce nom qui a déchaîné en nous un enthousiasme légitime. Cela se passait au Café de la Terrasse à Zurich et je portais une brioche dans la narine gauche. »

Anarchistes, pour certains apatrides, pour la plupart déserteurs... L'échec de la culture traditionnelle et de ses formes est là sous leurs yeux : la guerre. Il faut passer par la déconstruction des formes de l'art et des beaux arts... Table rase sur les conventions esthétiques, les contraintes idéologiques, alors que l'Europe plonge dans le chaos, il jouent et se jouent comme des gosses... avec humour et créativité, légereté et irrévérence.

« A priori, c'est-à-dire les yeux fermés, Dada place avant l'action et au-dessus de tout : le Doute. DADA doute de tout. Dada est tatou. Tout est Dada. Méfiez-vous de Dada. »

Le Dadaisme n'aurait pas aimé les -isme et encore moins les anniversaires. Ce centenaire est surtout une sacré bonne excuse pour parler de ce mouvement qui ne se veut pas mouvement mais constellation.

Car Dada ne s'arrête pas à Zurich et encore moins à 1916 ! Quelques km plus loin, quelques années pus tard oui, Dada se réveille en Allemagne. Berlin 1918, Richard Huelsenbeck et Hans Richter trainent le virus Dada jusque dans la capitale Allemande... Ils trouvent un terrain libertaire et propice à sa propagation chez Raoul Hausmann avec qui ils co-fondent Dada Berlin, puis la revue Dada en 1919. avec Johannes Baader, Hans Richter dans ses rangs, Dada Berlin est plus virulente et politisée que Dada Zurich, et l'un de ses plus ardents militants est Raoul Hausmann. Au sein du club Dada, il est le Dadasophe, autoproclamé.

« Si on résume son activité, Hausmann fut peintre, pamphlétaire, écrivain, poète, sculpteur, inventeur » écrit Henri Chopin dans Poésie sonore Internationale. C’est « un portrait un peu rapide », précise-t-il. Les travaux de Raoul Hausmann sont très nombreux et variés, inventeur du photo montage, collage, précurseur de la poésie sonore… 

La Bouquinerie part à sa rencontre ce soir ! Si Dada Berlin, né en 1918, ne fête pas son centenaire cette année, Raoul Hausmann, lui fête son non anniversaire !

Cette rencontre se fera, dans un premier temps, en compagnie d'Hélène Thierard, qui publiait aux éditions presses du réel en 2013 une traduction de Hylé, état de rêve en Espagne, un ouvrage inclassable de ce même auteur, dont elle prolongea l'étude par une thèse.

Dès 20h30 nous nous permettrons un petit détour par l'actu avec Quentin et son flash info littéraire !

Ensuite nous téléphonerons à Annabelle Ténèse, conservatrice au musée d'art contemporain de Rochechouart ! Le musée renferme des fonds exceptionnels de l'oeuvre de Raoul Hausmann et samedi, ce samedi 27 février, débute l'exposition tout aussi exceptionnelle : « Raoul Hausmann, Dadasophe de Berlin à Limoges ». Que font les archives d'un Dada à limoges ? Qu'est ce que la vie dada à travers les guerres et les révoltes ? Nous découvrirons cette facette de l'histoire avec Annabelle Ténèse à 20h40 !

A 20h55, on embarque avec un nouveau venu à la Bouquinerie : Gaspar et sa chronique "Dis moi ce que tu lis"!

Raoul Hausmann, Austrian, 1886-1971fmsbwtözäu, poster poem. 1918Line block, 13 x 18 7/8" (33 x 48 cm)Centre Pompidou, Musée national d'art moderne-Centre de création industrielle,Paris. Purchase, 1974CNAC / MNAM / Dist. Réunion des Musées Nationaux / Art Resource, NY,© 2006 Raoul Hausmann / Artists Rights Society (ARS), New York / ADAGP, Paris, photo: Philippe Migeat