Nicolas Godin • Bach off
Dans les années 90, l'envolée commerciale du hip-hop déborde le cadre musical pour venir éclabousser le grand écran. De jeunes réalisateurs comme Spike Lee et John Singleton émergent, des opportunités jusqu'ici fermées s'ouvrent aux entrepreneurs hip-hop et quelques producteurs cinématographiques au nez creux cherchent à monétiser la curiosité croissante du public américain pour cet univers. Sous l'effet conjugué de ces facteurs, la décennie voit la sortie d'une flopée de films liés de près ou de loin à l'univers urbain. Entre films indépendants de qualité, comédies balourdes, histoires de gang manichéennes, documentaires pointus et nanars "straight-to-video", ce mouvement hétéroclite produit une filmographie aussi rafraîchissante qu'inégale.
S'il est un aspect incontestable de ces films, c'est bien leurs bandes originales qui font la part belle à la génération dorée du hip-hop US de l'époque. On trouve peu de morceaux bouche-trou ou de chutes de studio recyclées sur leurs tracklists. Au contraire, les artistes qui participent à ces B.O. leur réservent souvent leurs meilleures cartouches. Ces bandes originales offrent une exposition de choix pour caler un single prometteur avant un lancement d'album, et pour de futures stars comme Snoop ou Notorious B.I.G., elles permettent aussi de se révéler au grand public avant d'entamer une carrière solo.
Cet âge d'or de la B.O. rap s'étend du début des années 90 à l'orée des années 2000. Reflet de leur époque, ces bandes originales sont le théâtre de la lutte d'influence entre raps east coast et west coast. Pour nous, elles sont aussi une capsule temporelle puisqu'elles ont bercé notre adolescence et forgé nos goûts en matière de hip-hop. En effet, à l'ère pré-numérique, ces B.O. qui circulaient plus largement que la plupart des albums de rap, permirent à toute une génération dont nous faisons partie de découvrir stars du moment et artistes prometteurs dans les coins les plus reculés de l'Hexagone, dans cette "diagonale du vide" chère à nos professeurs d'histoire-géo.
Pour partager cette madeleine de Proust avec vous, nous avons sélectionné quelques-uns de nos morceaux favoris extraits des B.O. de "New Jack City", "Friday", "Juice", "Above The Rim", "Murder Was The Case", "High School High", "Slam" et bien d'autres films encore. Faute d'avoir des platines sous la main, nous vous proposons une playlist en fondu enchaîné de près de 2 heures faite de singles prometteurs, de one shots rares et de deep cuts de qualité. Du groove funky au rap hardcore, il y en aura pour tous les goûts...
***
Rendez-vous sur notre site pour retrouver le tracklist minuté et la playlist Spotify des morceaux de l'émission : https://flagrantsoul.com/2020/04/19/lage-dor-de-la-b-o-rap-flagrant-soul-sur-radio-campus-paris-18-avril-2020/
Pour plus d'articles, mixes et playlists thématiques : www.flagrantsoul.com
Les derniers épisodes
Flagrant Soul : Et minuit sonna
samedi 9 janvier 2021
Flagrant Soul : Nos plaisirs grotesques
samedi 12 décembre 2020
Flagrant Soul : Bienvenue
samedi 14 novembre 2020
Flagrant Soul : Flagrant soulstice
samedi 13 juin 2020
Flagrant Soul : Le clash : Groove galactique
samedi 16 mai 2020
Flagrant Soul : Brésil, musiciens vs dictateurs
samedi 21 mars 2020
Flagrant Soul
Abonnez-vous au podcast