Ikham • Space Coast
4è émission de "Carte blanche " de cette saison:
nous invitons un auteur sonore à composer sa programmation avec nous, et nous faire découvrir ses coups de coeur et inspirations sonores. Aujourd'hui, Benoit Bories de Faïdos Sonore.
Benoît Bories a eu deux passions dans la vie… la physique et le son. Concernant la première, il dit avoir “une formation d'assez haut niveau” - un doctorat. De la seconde, le son, il dit qu’elle est un mélange de musique et de radio: musique électronique et électroacoustique, et radio engagée - Canal Sud à Toulouse, où il faisait de la “revue de presse militante”. C’est Bernard, un de ses collègues de Canal Sud, qui le met sur sa voie, en lui disant en substance que “ça ne sert à rien d’être radical dans le propos si on n’est pas radical dans la forme”. Petit à petit, Benoît s’éloigne du discours militant avec une forme d’écriture sonore offrant à l’auditeur de fabriquer lui-même ses images mentales.
Cette écriture passe par le temps long, l’immersion: pour ses créations sonores, Benoît se rend invisible pour capter les interactions humaines et les sons de "micro-sociétés". C’est cette “cartographie sonore” des lieux qui produit la matière des œuvres de Benoît et en régente l’écriture. Bien sûr, la technique est longuement élaborée : avant d'aller sur le terrain, il s'agit de décider ce qu’on va enregistrer, avec quel micro, et depuis quel point de vue ; il y a ensuite le traitement du son, la filtration, apprise notamment avec l'audio naturaliste Bernard Fort, puis la transformation du son. La composition acousmatique est une caractéristique majeure du travail de Benoît auquel elle donne musicalité et rythme. Elle leur donne aussi une couleur surnaturelle sans être artificielle car faite seulement que de sons collectés sur le terrain, qui devient lutherie géante et infinie.
L’oeuvre de Benoit Bories est documentaire, elle est aussi profondément onirique et poétique… On peut l'aborder de deux manières : la “radio diffusion” traditionnelle et l’écoute en public et en live sublimée par des dispositifs techniques capables de faire voyager l’auditoire…
Il nous propose une programmation riche , dont nous ne pouvons vous passer que des extraits, mais les liens pour écouter la totalité des pièces apparaissent ci dessous :
Je suis Frédéric - Damien Magnette
Qui est Frédéric Deschamps ? Est-il un zèbre ? Un artiste ? Un courant électrique ? Est-il un personnage principal qui mène son portraitiste par le bout du nez ?
Frédéric se raconte, se livre, se décrit. Il s'
enregistre seul dans sa chambre et nous parle. Il glane des sons à droite à gauche. On glisse ainsi doucement dans un monde imaginaire, où se brouille la limite entre la réalité et la fiction. Petit à petit, se livrent son intimité, sa pensée, son ressenti. Frédéric parle de lui, de la société, de ce qu'il vit, de ce qu'il pense. Il questionne implicitement notre société à travers son regard et sa différence.
Réalisation : Damien Magnette (2010) Mix : Christophe Rault -Production : ACSR avec le soutien du FACR de la Fédération Wallonie-Bruxelles . Prix : 2ème prix de la création radiophonique Longueur d'ondes (2011), sélectionnée dans les cinq premières pièces au prix Europa (2011) - A écouter ici sur radiola.be
Même morts nous chantons - Marie Guérin
"Depuis des années, je fais la route à la recherche d’un patrimoine populaire, composé de chansons éparpillées. Guidée par cet intérêt pour les premiers collecteurs munis d'enregistreurs, je rencontre des archives datant des camps allemands en 14-18 : les prisonniers sont enregistrés chantant une chanson de leur pays dans leur langue natale lors d'une expérience dirigée par Wilhem Doegen, un linguiste de l'époque qui avait l'ambition de produire des méthodes de langue." A Lautarchiv, à Berlin, les supports, les souvenirs, les traces sont en gomme laque: laque issue du mélange de la sécrétion résineuse d'un insecte asiatique, d'ardoise, de cire et de coton. A l'écoute, les disques de gomme-laque révèlent des surprises : une chanson algérienne, une chanson tunisienne ... Parmi cette étrange « revue musicale », Marie Guérin découvre la langue de ses aïeux : le breton. Les mélodies traversent le temps, elles ne meurent pas.
Réalisé par Marie Guérin. Traduction : Annika Erichsen. Une co-production Deutschlandfunk Kultur/France Culture/Elektroakustisches Studio der Akademie der Künste Berlin avec le soutien du Centre musical Césaré . Prix Phonurgia Nova/ Archives de la Parole 2018. A écouter ici
Couvre feu 56 - Floy Krouchi
Dans ce Hoerspiel, Floy Krouchi travaille autour de sons capturés sur le théâtre des opérations au Moyen-Orient depuis 2001 en mêlant textes de poètes tunisiennes et libanaises, témoignages , rapports d'Amnesty international et documents d’archives. La trame s’appuie sur trois voix : arabe, français, hébreux, questionnant les notions d’identité, de frontière et de territoire dans un contexte de guerre. Avec la participation de Kamilya Jubran (oud, voix / Palestine) et de Meira Asher (voix, electronics / Israel).
Couvre-Feux a remporté le 9ème prix international Luc Ferrari d'art radiophonique de la Muse en circuit en 2010. Pour l'ACR de France Culture, Floy krouchi a réécrit la pièce dans une version longue qui intègre des éléments d'une performance live captée à Césare, CNCM Reims. A écouter ici sur l'ACR de France Culture
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