Yama Warashi • Sole Wa Alu
Tout le monde connaît l’expression “angoisse de la page blanche”, qui serait cette peur paralysante de ne pas parvenir à créer quelque chose de satisfaisant pour son public, de repartir de zéro à chaque nouveau projet et d’avoir tout à recommencer pour gagner ses galons d’artiste. La page blanche serait cet espace vide, stérile qui vous toise de sa supériorité nihiliste.
Mon meilleur espoir est loin d’être une page blanche. Il serait plutôt un parchemin ancien et en même temps si bien conservé qu’on ne saurait pas en dater l’origine. Quel âge a-t-on vraiment, finalement, quand vos papiers d’identité vous donnent 25 ans, mais que l’autre monde, celui du cinéma, vous donne surtout 18 ans de carrière. Comme si le 7e art avait trouvé un enfant chéri, parfait pour être « le fils de ». Et souvent le fils de grands noms : le fils d’Isabelle Huppert dans Home d’Ursula Meier, chez Téchiné le fils de Sandrine Kiberlain dans Quand on a 17 ans ou de Catherine Deneuve dans L’Adieu à la nuit, le fils de Virginie Efira dans Continuer de Joachim Lafosse.
Alors oui, je vois chez lui l’enfant, dans la douceur de ses yeux et dans sa grande sensibilité. Mais ce que je vois aussi, et surtout, c’est l’artiste qui se saisit de la page blanche pour en faire un immense espace de jeu. Pour s’essayer à tout, avant que le livre ne se referme. Ce que je vois, c’est la silhouette qui s’épaissit au fil des rôles et une présence qui devient plus physique, plus posée, plus autoritaire, d’une certaine façon. Pourquoi ne pas devenir danseur amateur, le temps d’un film avec François Berléand dans The Last dance ? Ou camper un marquis précieux du 18e siècle aux prises avec un vampire dans l’excellent film d’Adrien Beau, Le Vourdalak ? Avec une page blanche on peut tout faire, même des dessins de Captain America et ainsi rejoindre un groupe de soldats augmentés de la 1ere GM dans une série de science-fiction, à venir sur Canal+.
Pour mon meilleur espoir, l’angoisse ne réside pas dans la page blanche. Elle serait plutôt dans la partition taillée sur mesure, comme s’il n’existait qu’un seul costume.
Parce que, avec une page blanche, on peut faire des avions et s’envoler vite et libre et j’ai bien l’impression que c’est ce que préfère mon meilleur espoir, Kacey Mottet Klein.
La playlist de Kacey :
- Post Pie • Daniel Hart - Riverside • Agnès Obel - Good luck •Vanessa De Mata feat Ben Harper
- Gorah • Nitefreak, Emmanuel Jal
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