Valentine Karrer - La piscine, Fernand Léger
Valentine Karrer - La piscine, Fernand Léger

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Type
Autre
Culture
Sport
jeudi 20 juin 2024
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Bonjour je m’appelle Valentine et je vais vous parler de modernité, de loisirs et de sport.

Nous nous trouvons devant une lithographie tardive, c’est-à-dire une image imprimée sur papier à partir d’une matrice en pierre, réalisée par l’artiste Fernand Léger, en 1959. « A qui la tête, à qui les jambes, les bras, on ne savait plus, on ne distinguait plus ». Mais que veut nous dire l’artiste par cette phrase intrigante ? Approchons-nous et écoutons. Nous pouvons entendre le bruit de l’eau. Il ne s’agit pas du bruit calme d’un ruisseau ou d’un étang, ni celui puissant et bruyant d’un océan déchainé. Écoutons cette eau chahutée, éclaboussée, et les cris de joie qui l’accompagnent.  

Regardons la scène : des corps dont on ne voit parfois émerger que le bras, le torse, la tête, le dos, plongés dans une eau qui occupe tout l’espace. Tout à gauche, un ballon à rayure flotte. Dans un dessin franc et précis, dont le trait noir est contrasté par quelques aplats de couleur bleu et orange, Fernand Léger offre une scène de loisir et de sport à La piscine, titre de l’œuvre.  

La composition est éclatée, les corps larges sont représentés de façon simplifiée à l’aide de formes tubulaires propres au style de l’artiste. Les corps s’élancent, plongent, se redressent, saluent parfois, dans un enchevêtrement qui rappelle l’effusion du bassin et de la nage. Ce dynamisme est rendu possible par la dissociation entre forme et couleur selon une technique propre à l’artiste « la couleur en dehors ».  

Né en 1881, Fernand Léger s’attache à représenter la vie moderne, dans son urbanité, et ses activités nouvelles. Avec l’avènement du Front Populaire en 1936, les Français se voient accorder deux semaines de congés payés leur permettant de s’adonner à un phénomène inédit : les loisirs, qui sont largement représentés par les avant-gardes.  

Revenons à l’œuvre et observons ce personnage, en haut et au centre, qui semble nager le crawl. S’il pratique ici cette nage de façon récréative, il s’agit aussi d’un type de nage pratiqué aux épreuves de natation des Jeux Olympiques. La natation, présente depuis les premiers Jeux Olympiques modernes d’Athènes en 1896 et ouverte aux femmes à partir de 1912 a bien évoluée. Cet été, à Paris, les nageurs s’affronteront sur 16 épreuves de distance différentes, combinant plusieurs styles de nage.  

Cette lithographie est une planche de l’album La Ville, débutée en 1954, interrompue par son décès en 1955 et finalement éditée en 1959. Elle présente l’effervescence de la nage et de l’atmosphère du lieu. Étant bonne nageuse, cette œuvre me rappelle la liberté ressentie une fois dans l’eau et la possibilité de se mouvoir dans un espace qui semble dépasser les trois dimensions habituelles.  

La piscine, planche 25, album La Ville, Fernand Léger, 1959, lithographie, 66 x 51cm, Musée national Fernand Léger, Biot. 


Texte et voix : Valentine Karrer

Enregistrement : Colin Gruel

Montage : Jean Foucaud-Jarno

Musique & web : Philipp Fischer

Coordination : Julia Martin & Grégoire Verprat

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