Gus Dapperton • Don't Let Me Down
Bonjour, je m’appelle Camille et aujourd’hui je vais vous parler de lumière, de régate et d’impression.
Imaginez-vous au mois de juillet, assister à une course d’aviron, la fameuse Molesey Regatta sur les bords de la Tamise au côté de l’aristocratie anglaise. Sentez ce vent qui fait onduler les drapeaux britanniques au premier plan puis admirez au second plan tous les avirons parallèles où les rameurs essayent de s’arracher la première place. C’est ce moment de tension et d’excitation qu’a voulu retranscrire Alfred Sisley dans Les Régates à Molesey, peinte en juillet 1874 en Angleterre.
Alfred Sisley, né à Paris de parents britanniques, est un peintre rattaché à l’impressionnisme, un mouvement pictural né à la fin du XIXe siècle qui célèbre la modernité, le plein-air, et s’attache par une touche rapide et claire à retranscrire les effets de la lumière. Tout le tableau est une impression de mouvement, que ce soit l’eau qui capte les moindres rayons de lumière, les drapeaux qui se laissent aller à la danse du vent et les rameurs qui brassent l’eau. Sisley essaye de recréer cette effervescence qui se cristallise alors autour du sport.
Alors pourquoi la régate est un sujet contemporain de Sisley ? Une régate est une course de vitesse entre plusieurs bateaux sur un parcours fermé. Ici, c’est précisément une course d'aviron qui se déroule sous nos yeux. L’aviron est connu depuis l’Antiquité. Dans l’Énéide, Virgile mentionne la première course à l’aviron organisée par Énée pour les funérailles de son père. Pour ce qui est de l’Angleterre, c’est au début du XVIIIe siècle que la pratique de l’aviron devient sportive. La première grande compétition d'aviron est la célèbre course entre les universités d’Oxford et de Cambridge en 1829. L’aviron est au programme des Jeux Olympiques depuis la première édition à Athènes en 1896, il faudra attendre les Jeux de Montréal en 1976 pour que les femmes aient l’autorisation d’y participer. C’est lors de la première exposition collective des impressionnistes en avril 1874 que le motif des régates se retrouve dans de nombreux tableaux impressionnistes comme ceux d’Auguste Renoir, ou de Auguste Caillebotte.
Plongez à mes côtés dans l’univers de Sisley, univers où tout n’est que, pour moi, une métaphore de l’eau : la partie supérieure est embrumée comme si le brouillard anglais se joignait à la partie. Tout est un camaïeu de bleu sur lequel Sisley ajoute du rouge et du jaune. Reflet de la vie qui se déroule alors hors de l’eau.
Les Régates à Molesey, Alfred Sisley, 1874, huile sur toile, H. 66 ; L. 91,5 cm, Paris, Musée d’Orsay.
Texte et voix : Camille Delmont
Enregistrement : Hugo Passard
Montage : Jean Foucaud-Jarno
Musique & web : Philipp Fischer
Coordination : Julia Martin & Grégoire Verprat
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