Pépite • Dernier voyage
Je m’appelle Céline, je suis là aujourd’hui pour vous parler de sculpture, de muscle et d’Amérique.
Laissez-moi un instant vous raconter l’histoire d’une statue en bronze, réalisée par l’artiste Auguste Rodin, en 1901. Cette statue représente un homme, nu, la musculature très développée. Il est assis sur une pierre, le regard perdu. Vous voyez le Penseur de Rodin ? Relevez-lui légèrement la tête et laissez son bras quitter son menton pour se poser sur sa cuisse et vous trouverez : l’Athlète américain.
Cet athlète, c’est le gymnaste Samuel Stockton White. En 1901, alors que Auguste Rodin est un artiste reconnu, et très respecté à l’international, White frappe à la porte de son atelier. L’homme est né en Pennsylvanie et se forme à Princeton et à Cambridge.
En arrivant chez Rodin, il avait gagné, deux ans auparavant, le prix de « l’homme le plus fort et ayant le corps le mieux développé du Royaume-Uni ». Ce modèle vivant plaît beaucoup à Rodin quand il le voit. L’athlète à la musculature rigoureuse se met alors à poser pour le sculpteur. Celui-ci le laisse libre de marcher dans son atelier. Rodin l’observe et il l’invite à prendre la position de son choix. White s’installe immédiatement comme le Penseur. Rodin lui interdit tout de suite. Alors le gymnaste se met dans une position plus détendue, les mains sur les cuisses, le dos courbés, la tête légèrement dans le vide. La manière de travailler de Rodin donne finalement toute la singularité à cette œuvre. A partir de boules d’argile, l’artiste façonne de ses mains la statue, petit à petit, créant les volumes des muscles et du corps de l’athlète.
Ce corps devait plaire à Rodin. Il faut savoir qu’il était passionné par l’art de l’antiquité. L’artiste collectionnait de nombreuses statues grecques et romaines. Il devait voir dans le corps puissant de Samuel White l’image vivante de l’athlète antique. Les premiers champions d’athlétisme remontent à 776 avant notre ère lors des premiers Jeux Olympiques à Athènes. À l’époque comme aujourd’hui, les épreuves impliquent la course, le saut, le lancer ou encore la marche, voilà de quoi former un corps aux muscles saillants !
Personnellement en regardant cette œuvre, j’y vois certes un homme au corps puissant mais c’est plutôt une impression de mélancolie ou de tristesse qui s’en dégage. Mais voilà le génie de Rodin ; à travers un modèle antique et massif, c’est finalement quelque chose d’intérieur, de subtil, de méditatif qui transcende l’œuvre.
L’Athlète américain, Auguste Rodin, 1901, bronze, fonte au sable, H. : 40 cm ; L. : 26 cm ; P. : 23 cm, Paris, Musée Rodin.
Texte et voix : Céline Frachebourg
Enregistrement : Colin Gruel
Montage : Jean Foucaud-Jarno
Musique & web : Philipp Fischer
Coordination : Julia Martin & Grégoire Verprat
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