Max Ransay • Reflets Mazouk
L’œuvre qui nous intéresse aujourd’hui est une sculpture en bronze, accompagnée d’un porche de béton, réalisée en 1925 par l’artiste Antoine Bourdelle.
Sous l’architecture, faite de huit colonnes, se tient à un jeune homme nu, un genou à terre, la jambe opposée tendue devant lui, appuyé contre un rocher. Il brandit un grand arc et se prépare à tirer. Le regard dans le lointain, il fixe sa cible, impassible, déterminé.
Notre voyage dans le temps débute en 1910. Cette année-là, à Paris, Bourdelle présente au Salon des artistes, sa sculpture Héraklès archer. Il l’a réalisé avec pour modèle le commandant militaire Doyen Parigot qui a accepté de poser pour lui. Doyen Parigot devient alors Héraklès, ou Hercule en latin. Demi-dieu gréco-romain réputé pour sa force et ses douze travaux, il est ici représenté en train de chasser les oiseaux carnassiers du lac Stymphale. C’est la sixième des douze épreuves qu’il doit réaliser pour retrouver son honneur.
Pour cette sculpture, Bourdelle arrête le temps. Admirez ! Le héros est saisi, le corps en tension. Et la composition, faite de plein et de vide, exprime un équilibre fragile. Sentez comme Héraklès canalise sa fougue ! Ses muscles bouillonnent et la matière semble prendre vie, sous les reflets de la lumière. Sa nudité héroïque et ses muscles contractés sont inspirés des sculptures classiques de l’antiquité grecque, que Bourdelle réinterprète.
Loin de la Grèce antique, notre voyage dans le temps continue, à Toulouse, en 1922, La fédération française de rugby décide de dresser un monument à Alfred Mayssonnié, capitaine de l'équipe de rugby locale mort au combat en 1916. C’est un nouveau tirage de la sculpture de Bourdelle qui est choisi.
Vous ne trouvez pas cela étrange ? Un archer pour célébrer un rugbyman ? En réalité, il faut y voir un héros courageux dans un temple à la mémoire de tous les sportifs morts durant la guerre. Rappelez-vous, comme un hasard de l'histoire, le modèle qui l'avait inspiré était lui-même militaire.
Ce monument me fascine, il fait se rencontrer le tir à l’arc, le rugby, l’art et tous les sports. Ce n’est peut-être pas pour rien qu’une légende attribue à Héraklès la naissance des premiers Jeux Olympiques, qu’il aurait organisé en l'honneur de son père, Zeus.
Faites attention, l'archer s’apprête à tirer ! Il pourrait bien, vous aussi, vous toucher en plein cœur.
Monument au sport et à Mayssonié, Héraklès Archer, Antoine Bourdelle, 1909-1925, bronze et béton, œuvre monumentale, Toulouse.
Texte et voix : Adrien Barbault
Enregistrement : Margot Page
Montage : Jean Foucaud-Jarno
Musique & web : Philipp Fischer
Coordination : Julia Martin & Grégoire Verprat
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