Royel Otis • Fried Rice
Je m’appelle Zélie, et je vais vous parler de peinture, de tradition bretonne et d’un sport typique : le Gouren.
Lors d’un bel après-midi, deux enfants s’affrontent, les pieds-nus sur l’herbe. Ils portent les vêtements traditionnels : le bragoù, un pantalon bleu foncé permettant de grands mouvements et la roched, une chemise blanche à toile épaisse. A l’arrière-plan, en retrait, un gendarme les surveille et une assemblée de femmes portant la coiffe bretonne imposante assiste à la lutte. Tous les regards sont tournés vers les deux jeunes hommes.
Ce spectacle dynamique et équilibré montre une lutte bretonne ou un Gouren. Ce sport est caractéristique du folklore breton. Paul Sérusier, dit « le nabi aux sabots de bois », nous témoigne par cette toile de son attachement à la Bretagne.
Vous avez dit nabi ? Les Nabis, « les prophètes » en hébreu, sont un groupe de jeunes artistes réunis autour de la question du spirituel, du décoratif et des couleurs franches appliquées en aplat. Ils se sont rencontrés très jeunes lorsqu’ils se formaient dans l’académie Julian à Paris mais ils portent un amour particulier pour la Bretagne.
Les Bretons pratiquent le Gouren depuis le Moyen Âge. Le but est de marquer un lamm, c’est-à-dire projeter son adversaire sur le dos. Les lutteurs accrochent leurs mains à l’autre et avec leurs pieds ils effectuent des prises impressionnantes comme dans cette œuvre le klikedoù, un enroulé de jambe autour de celle de l’adversaire afin de l’immobiliser. Toute violence est proscrite ce qui justifie la représentation d’un gendarme dans la composition. Le Gouren implique des projections impressionnantes mais néanmoins maîtrisées. Il vaudrait mieux ne pas trop s’approcher !
Dans cette peinture, au-delà des lutteurs, la couleur est l’élément principal. En 1888, à Pont-Aven, Paul Sérusier rencontre Gauguin. Il lui transmet une nouvelle manière de représenter le réel : par le cloisonnement de la couleur par des contours noirs et l’emploi de couleurs franches : ici le vert vif de l’herbe et le turquoise des vêtements des femmes.
Cette œuvre me touche car elle témoigne d’une culture forte qui perdure. Le Gouren est une activité marquée d'identité culturelle codifiée comme un sport moderne. Si vous avez la chance d’assister à un Gouren, écoutez attentivement le serment en Breton qui énonce les valeurs fortes de ce sport !
La Lutte bretonne, Paul Sérusier, 1890–1891, Huile sur toile, H. 91,5 ; L. 72,0 cm, Paris, Musée d’Orsay
Texte et voix : Zélie Bouschbacher
Enregistrement : Philipp Fischer
Montage : Jean Foucaud-Jarno
Musique & web : Philipp Fischer
Coordination : Julia Martin & Grégoire Verprat
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