TRIPLEGO • Huracán
Bonjour, je m’appelle Charlotte et aujourd’hui nous allons parler d’émancipation féminine, de modernité et de vivacité.
L’œuvre que j'ai le plaisir de vous présenter est une stèle rectangulaire blanche réalisée en 1931 par Chana Orloff. C'est la copie en plâtre de la pierre tombale de l’athlète Georgette Gagneux. De format vertical, elle mesure environ 1,20 m de hauteur. Dans un relief de plus en plus profond de la gauche vers la droite, Georgette Gagneux apparaît de profil en pleine course : les bras vers le ciel, les jambes pliées, la tête relevée, la bouche grande ouverte. Le style synthétique, peu modelé, nous mène à regarder l’essentiel : l’action.
Juive d’origine ukrainienne, Chana Orloff marque son temps. Elle se fait connaître en seulement deux ans dans le Montparnasse des années vingt, lieu d’émulation artistique. Elle fait partie de ce que l’on appelle l’École de Paris : les artistes ayant contribué à faire de Paris une capitale artistique inégalée entre 1900 et 1960. Ses œuvres rencontrent un franc succès lors des salons annuels et à l'occasion d'expositions personnelles notamment à l'international.
Cette œuvre entre dans ses sujets de prédilection : les femmes modernes. Georgette Gagneux, indépendante professionnellement, est une athlète brillante qui s'illustre en sprint, saut en hauteur et lancer de poids. Elle est six fois championne de France et atteint la quatrième position du 4x100m aux JO de 1928. Elle succombe de la tuberculose à seulement 23 ans. Sur sa stèle funéraire, Chana Orloff la dévoile en action : elle court, la bouche ouverte comme pour crier ou respirer. Elle semble contrainte par le cadre, vouloir en sortir. Pleine de vie, l'œuvre nous donne l'impression qu’elle ne s'arrêtera jamais.
Chana Orloff aime représenter les femmes de son temps. Indépendante, elle s’impose dans le domaine de la sculpture alors considéré très masculin car dépendant de la force physique. Elle encourage la lecture de ses œuvres par le genre. Ses portraits féminins restituent un caractère vivant aux modèles. Ici, elle choisit de représenter une femme dynamique, exerçant une activité physique. Elle bouscule les codes de la représentation des femmes. C'est une artiste éminemment moderne par son style influencé par l’Art déco, ses choix artistiques, sa façon de représenter les modèles féminins.
J'aime cette œuvre mais surtout ce qui l'entoure, les vies de l'artiste et de l'athlète sont passionnantes. Chana Orloff semble touchée par le destin tragique de Georgette Gagneux, je suis très sensible à sa façon de lui donner un dernier souffle, un dernier élan avec des traits d’une grande vivacité.
Georgette Gagneux, Chana Orloff, 1931, plâtre, environ 120 x 60 cm, Paris : Atelier-musée Chana Orloff.
Texte et voix : Charlotte Cauchy Clerc
Enregistrement : Kélian Jeannez
Montage : Jean Foucaud-Jarno
Musique & web : Philipp Fischer
Coordination : Julia Martin & Grégoire Verprat
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