Skinny Wizard • Beaming
Bonjour, je m’appelle Matthieu et aujourd’hui je vais vous parler de tennis, d’émancipation féminine et de mode.
Le Tennis à Dinard, peint en 1891, est une peinture à l’huile sur toile de Frederick Bridgman. Au premier plan, on aperçoit deux femmes assises richement vêtues à la mode de la fin du XIXe siècle. La plus proche de nous porte une robe en satin de soie violette, brillante, un chapeau et une ombrelle.
Au deuxième plan, on entend deux hommes en costume blanc parler à une femme portant une jupe blanche plus courte que celles qu’on connaît de l‘époque. Continuons vers l’arrière-plan de la scène, avec le public, également vêtu de blanc, et assistons au match qui se prépare. Nous sommes en train de profiter d’une après-midi mondaine ensoleillée durant laquelle on se plaît à jouer au lawn tennis.
Le lawn tennis ou tennis sur gazon, évolution du jeu de paume apparu au XIIIe siècle, est au XIXe siècle, une activité élitiste et mondaine de villégiature comme on le devine grâce aux robes précieuses des femmes du premier plan. L’absence de règle régissant le vestiaire permet à hommes et femmes, ce sport n’étant pas l’apanage des hommes, de jouer dans leurs habits de garden party.
On le voit sur la toile, l’élégance prime. Ainsi, si les hommes profitent de leur costume, les femmes jouent corsetées et en talon. Elles doivent changer de corset entre les jeux, le leur étant trempé de sang.
En abandonnant le corset à la fin des années 1910 et en raccourcissant les manches et les jupes jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, les femmes entament une certaine libération de ce vestiaire contraignant.
À l’Après-Guerre, Ted Tinling, styliste et joueur de tennis, réalise des tenues à jupes à volant et tutus de froufrou. Ces tenues scandaleuses nous signalent l’arrivée de la mode dans le monde du tennis. Nous pensons aujourd’hui aux sœurs Williams qui, en plus de remporter à elles deux 62 titres du grand chelem, transforment les courts de tennis en podium de défilé. Serena remporte en fin d’année 2023, le prix d’icône de la mode du Council of Fashion Designers of America. Le tennis a été pour les femmes une manière d’abolir les règles vestimentaires enserrant leur corps pour en faire un lieu de représentation de mode rare dans le monde du sport.
Cette œuvre me plait : elle évoque la condition vestimentaire et sociale des femmes à l’époque tout en déployant, comme ce satin violet, l’élégance de l’aristocratie du XIXe siècle.
Bridgman, Américain séjournant en France, peint d’ailleurs la même année le Lawn Tennis Club, autre œuvre prétextant la représentation du sport pour s’attarder sur le cadre mondain de ses origines.
Le Tennis à Dinard, Frederick Arthur Bridgman, 1891, huile sur toile, 27cm x 41cm, Musée d’arts de Nantes.
Texte et voix : Matthieu Favre
Enregistrement : Colin Gruel
Montage : Jean Foucaud-Jarno
Musique & web : Philipp Fischer
Coordination : Julia Martin & Grégoire Verprat
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