TERRIER • COUP DE FOUDRE
Bonjour, je m’appelle Ynès et aujourd’hui je vais vous parler de surf, de culture et de rituel.
Imaginez une planche de surf en bois, de forme oblongue mesurant 1,27 m de longueur et décorée d’une petite tête d’animal à la pointe. Son origine est étonnante, elle provient de Papouasie-Nouvelle-Guinée, un pays d’Océanie situé au nord de l’Australie, pays moins connu pour ses vagues que pour ses nombreux crocodiles.
Si cet objet est bel et bien une planche de surf, il était, vu sa taille, sûrement utilisé par des enfants mais les plus âgés pratiquaient aussi cette activité. Elle s’utilisait exactement comme les planches que l’on connait aujourd’hui : on se met à plat ventre, on rame et on se lève. Mais ici, elle est en bois et bien moins stable. La méthode de fabrication de cette planche se rapproche peut-être de celle utilisée à Hawaï. Tout d’abord, on choisit un arbre solide avec un grain fin que l’on peut facilement polir. On taille l’arbre dans la forme souhaitée et ensuite on passe au polissage à l’aide de roches ou de coraux abrasifs.
À Hawaï, la taille des planches diffère selon leur rang social : les plus modestes ont le droit à une petite planche mesurant entre 50 centimètres et 1,80 mètre de hauteur et les élites possèdent des planches qui peuvent faire jusqu’à 5 mètres de hauteur.
Mais l’ancêtre du surf daterait de 3 000 avant notre ère, pendant la période pré-Inca, sous la culture Mochica. Les pêcheurs prenaient les vagues debout sur des bateaux en roseaux.
Si le surf est généralement pratiqué sur le continent Océanien, c’est à Hawaï que la pratique se développe davantage, la discipline y est très ritualisée. Des prêtres sorciers, aussi appelé « kahuna », servent de surf report avant l’heure en annonçant les conditions : ils les provoquent parfois grâce à des offrandes et incantations, ils supervisent les rituels durant la fabrication des planches et donnent le courage nécessaire aux Hommes pour affronter les vagues.
Au cours du XXe siècle, c’est la naissance de la culture surf à Hawaï et de tout ce qu’elle nous évoque : les Beach Boys, Santa Cruz et les colliers de fleurs. L’origine du surf est ancienne et pourtant, ce sport n’a trouvé sa place aux Jeux Olympiques que depuis ceux de 2020 à Tokyo. Pour ceux qui auront lieu à Paris l’été prochain, c’est le spot mythique à Teahupo’o à Tahiti qui accueillera la discipline du 27 au 29 juillet 2024.
Ce qui me fascine avec l’évocation de cet objet c’est que d’un continent à l’autre la pratique du surf perd sa valeur rituelle et religieuse pour prendre une dimension sportive et de divertissement.
Planche de surf, milieu du XXe siècle, Océanie, bois sculpté et gravé, 1,27 m de hauteur x 27 cm de largeur, Paris, Musée du Quai Branly Jacques Chirac.
Texte et voix : Ynès Ferreira
Enregistrement : Colin Gruel
Montage : Jean Foucaud-Jarno
Musique & web : Philipp Fischer
Coordination : Julia Martin & Grégoire Verprat
Les derniers épisodes
Lenaïg Laot – Au But, Alfred Boucher
vendredi 26 juillet 2024
Sophia Drobysheva - Le Chalet du Cycle au bois de...
jeudi 25 juillet 2024
Elinor Bailly – Discobole en bronze, Alfred Jannio...
mercredi 24 juillet 2024
Lou Escariot - Lutteur au repos déposant son ceste...
mardi 23 juillet 2024
Naïs Ollivier - Piscine Molitor, Lucien Pollet
lundi 22 juillet 2024
Salomé Faury-Beurrier - Coupe Omnisports, Roger Vi...
dimanche 21 juillet 2024
À vos arts, prêts... Partez !
Abonnez-vous au podcast