L'émission qui tourne pas rond • Le Monde Zygomatique
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L'œuvre que nous allons découvrir est une sculpture en bronze de 2m60 de haut. Elle représente un athlète masculin debout nu. Le sportif tient un disque, attribut du discobole, terme employé dès l'Antiquité pour désigner le lanceur de disque. Elle a été réalisée en 1941, en pleine Seconde Guerre mondiale, par le sculpteur Alfred Janniot. Ce dernier s'inscrit dans le style Art déco, des années 1920 à 1940. Bien que cette sculpture trône dans le stade Chaban-Delmas de Bordeaux au côté d'une statue féminine de Marcel Damboise, elle était originellement destinée à une piscine de la ville.
Alors pourquoi cette sculpture évoque l'Antiquité ? Tout d’abord, parce que le lancer de disque est une épreuve mère des Jeux Olympiques au VIIIe siècle avant notre ère et a été réintroduite dans la version moderne dès 1896.
Ensuite, Alfred Janniot récupère plusieurs caractéristiques aux sculptures antiques : il représente de larges épaules, des bras musculeux, des emprunts faits à l'une des plus célèbres représentations antiques d'athlètes : le Discobole de Myron.
Il va aussi emprunter un positionnement du corps issu de la Grèce Antique : le contrapposto. C'est une inclinaison inverse des hanches par rapport aux épaules, ce qui va créer des lignes qui se répondent les unes aux autres. Mais attention, essayez chez vous, vous verrez que ce n'est pas du tout une pause naturelle !
Pourquoi Alfred Janniot aime-t-il autant l’antique ? Car c'est un sculpteur du style Art déco et ce courant artistique se définit notamment par un retour à une sensibilité classique : il fait référence au culte du corps antique et aussi à l’usage du bronze, une matière considérée comme l'une des plus nobles pendant l'Antiquité.
Cette musculature développée est aussi en vogue dans les années 1940. Les costumes de l'époque sont rembourrés au niveau des épaules et même les stars de ces années-là sont des sportifs comme le nageur olympique Johnny Weissmuller qui joue Tarzan au cinéma.
Cette œuvre me touche beaucoup parce qu'elle allie parfaitement le sport et l'art dans un lieu comme un stade, tout en mettant en valeur la pratique sportive et le bien-être physique. Elle me donne à la fois envie d'aller courir un marathon et de visiter un musée !
Discobole en bronze, 1941, Alfred Janniot, bronze, 2m60 de haut, stade Chaban-Delmas, collection du Musée des Beaux-arts de Bordeaux.
Texte et voix : Elinor Bailly
Enregistrement : Suzanne Saint-Cast
Montage : Jean Foucaud-Jarno
Musique & web : Philipp Fischer
Coordination : Julia Martin & Grégoire Verprat