Royel Otis • Fried Rice
Bonjour, je m’appelle Annaëlle, aujourd’hui je vais vous parler d’une œuvre méconnue de sculpture, de football et de Picasso.
Cette sculpture, haute comme deux ballons de foot, est faite de tôle découpée et pliée. Les lignes de pliage de la tôle soulignent habilement le mouvement sinueux du corps du joueur : la ligne des bras et la ligne du dos que prolonge la jambe d’appui. La tôle est recouverte de peinture blanche et figure au crayon gras bleu, noir et marron, à la manière d’un dessin d’enfant, le maillot et les crampons. Les détails anatomiques du visage et des mains sont dessinés au crayon gras, la figure semble figée dans un moment décisif du match. Notre joueur s’élance, il court, les bras tendus, la jambe prête à frapper la balle mais où est la balle ?
A l’origine du football, il n’y avait pas vraiment de ballon, enfin pas un ballon comme vous devez l’imaginer. Dès l’Antiquité, plusieurs jeux de balles utilisaient des vessies de porc gonflées ou encore des balles de foin en guise de ballon. Voilà de quoi s’amuser ! Chacun jouait selon ses propres règles, en équipe, parfois jusqu’au sang. Il faudra attendre 1863, en Angleterre, la création de la Football Association qui codifie les règles de ce sport. Quant au ballon, il se standardise, on obtient alors, à quelques variations près, le sport que l’on connait aujourd’hui : des matchs sur gazon en deux Mi-temps de 45 min, à onze contre onze.
Picasso est surtout connu pour ses tableaux, mais ses sculptures sont tout aussi révolutionnaires et novatrices. Dans les années 1950 et 1960, il utilise la technique de la tôle pliée pour transposer ses recherches picturales dans l’espace. À l’aide de formes simples, schématiques, planes et pourtant courbes, il propose une vision simplifiée de la réalité. Vous cherchez notre footballeur ? Le voilà, figé au cœur de l’action : une silhouette, quelques détails signifiants comme le maillot de foot, de simples traits pour les yeux, le nez et la bouche et la figure prend vie. Par sa naïveté, elle nous ramène à l’enfance et à nos premiers souvenirs de dessin.
À la vue de cette œuvre, je trouve que l’on ressent l’énergie et l’intensité des matchs qui exaltent les foules. Elle ravive notre âme d’enfant mais aussi celle du supporter. Je ne sais pas vous, mais moi, ce footballeur-là, j’ai drôlement envie de le voir gagner.
Footballeur, Pablo Picasso, printemps 1961, produit à Cannes, tôle découpée, pliée, peinte et crayon gras, 61,5 cm de haut, 47 cm de large, Musée Picasso de Paris.
Texte et voix : Annaëlle Rolland
Enregistrement : Margot Page
Montage : Jean Foucaud-Jarno
Musique & web : Philipp Fischer
Coordination : Julia Martin & Grégoire Verprat
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