Ezra Furman • Suck the Blood from My Wound
Je m’appelle Jeanne et je vais vous parler d’enluminure, de tournois et de chevaliers.
Je vais vous décrire une enluminure médiévale, intitulée Le serment des tournoyeurs, peinte par Barthélémy d’Eyck entre 1462 et 1465.
L’enluminure nous présente le face à face de deux groupes de tournoyeurs. Vous voyez, cette multitude d’hommes en armure brandissant leurs armes sur leurs destriers. Les étendards, les housses d’apparats des chevaux et les tenues permettent d’identifier le camp d’appartenance des chevaliers. Les porteurs de motifs de mouchetures d’hermines noires appartiennent au camp de Bretagne. Les chevaliers arborant des fleurs de lys sur fond bleu et des rayures rouges et blanches sont les Bourbons. Les combattants prennent place dans une lice, le champ clos où se déroulent les joutes. Derrière ces groupes, deux tribunes se dressent : la tribune des juges et la tribune des femmes.
Notre enluminure du Serment des Tournoyeurs est tirée du Livre des Tournois décoré par le peintre Barthélémy d’Eyck pour le roi René d’Anjou, qui a vécu au XVe siècle et qui fut un important organisateur de tournois.
Le tournoi au Moyen Âge prend ses racines dans le duel judiciaire mais reste une pratique codifiée et protégée. Il s’agit non pas d’une occasion pour déployer une violence martiale mais d’une mise en scène. Le cérémonial prime sur le combat.
Le tournoi permet aux combattants de montrer leur prestige et leur grandeur. La pratique des armes est nobiliaire, c’est-à-dire que c’est un principe propre à la noblesse. Cela se ressent dans la composition de notre enluminure : les nobles sont dans les tribunes, le peuple en contrebas.
Ce qui est tout à fait intéressant, certains codes des tournois trouvent des échos dans nos pratiques sportives actuelles. Les armoiries – c’est-à-dire les blasons – arborés par les chevaliers fonctionnent comme les maillots de nos sportifs : ils permettent de singulariser une équipe par des symboles et des couleurs. D’ailleurs, le saviez-vous ? Le terme « manche » pour désigner une partie nous vient tout droit du Moyen Âge : les femmes présentes offraient un morceau de la manche de leur robe aux chevaliers pour les remercier de leur bravoure !
Ce qui me plaît particulièrement dans cette œuvre, c’est l’importance accordée aux signes visuels. Il y a un foisonnement de détails, nous retranscrivant à nous, spectateur, l’ambiance qui devait régner au cours de ces tournois.
Le serment des tournoyeurs, Livre des tournois, Barthélémy d’Eyck, vers 1462-1465, encre et lavis sur papier, 38,5 x 60 cm, Paris, Bibliothèque nationale de France.
Texte et voix : Jeanne Michel
Enregistrement : Suzanne Saint-Cast
Montage : Jean Foucaud-Jarno
Musique & web : Philipp Fischer
Coordination : Julia Martin & Grégoire Verprat
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