KOMPROMAT • Niemand
Bonjour, je m’appelle Léa et je vais vous parler de mouvement, de nanas, et de joie.
Imaginez-vous une femme à la peau rouge, entièrement stylisée au point de réduire son visage à un ovale, vêtue d’un bustier aux multiples couleurs et dessins qui soulignent ses formes généreuses. Cette grande femme se contorsionne et s’élance pour recevoir ou lancer une balle de volleyball blanche sur un fond bleu électrique.
Ce qui est étrange dans cette œuvre, c’est qu’elle se fonde sur un paradoxe : l’artiste, Niki de Saint Phalle, cherche à saisir un mouvement ascendant, tout en le représentant de manière figée, ce qui peut rappeler le geste d’un smash. Il s’agit de capter la beauté du geste et l’énergie déployée, par les couleurs, mais aussi par cette contorsion du corps qui est un défi aux lois de l’anatomie.
D’autant plus paradoxal que la figure est représentée seule, alors même que le volley-ball est un sport collectif. Mais ce n’est pas la première fois que l’artiste représente un sport : elle s’est déjà consacrée à la danse et au football dans les années 1990. Cela dit bien son goût pour le dynamisme, dans un contexte qui prône l’optimisme face au dépassement de soi qui s’incarne dans le sport.
Mais cette femme est aussi caractéristique d’un motif qui a fait la signature de l’artiste : les nanas. Elles sont conçues comme des créatures joyeuses et fantasques, des guerrières qui dominent le monde, toujours très opulentes et légères à la fois. Suspendue au sol, décomplexée, notre nana peut incarner la célébration du volley-ball, né aux États-Unis en 1895. L’artiste franco-américaine transmet au travers de ses nanas un véritable message féministe, prônant la capacité des femmes, leur beauté, leur force, qu’elle élève au rang artistique.
Et c’est pour ça que notre œuvre déborde de joie de vivre, notamment grâce aux couleurs vives et ludiques sur son bustier orné de décors circulaires et sur sa poitrine; l'artiste y représente d’un côté une fleur et de l’autre un cœur. Cela peut être lié au courant du nouveau réalisme auquel l’artiste a appartenu, prônant une « appropriation positive du réel ».
Ce que j’aime dans cette œuvre, c’est l’impression de légèreté qui se dégage, par sa position qui en fait une figure aérienne, mais aussi grâce au caractère léger d’une énergie agréable et enjouée.
Volleyball, Niki de Saint Phalle, 1993, Estampe, 80 x 60 cm, Nice, Musée d’Art moderne et d’Art contemporain.
Texte et voix : Léa Detant
Enregistrement : Suzanne Saint-Cast
Montage : Jean Foucaud-Jarno
Musique & web : Philipp Fischer
Coordination : Julia Martin & Grégoire Verprat
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