Gilberto Gil • Tatá Engenho Novo
Bonjour, je m’appelle Pascaline, et aujourd’hui je vais vous parler de golf, de vitrail et d’Art déco.
Le Golf de Jacques Gruber est un dessin de format circulaire en noir et blanc réalisé en 1925 au fusain sur papier calque. Il représente une joueuse de golf qui, son club en l’air derrière les épaules, s’apprête à taper dans la balle. Les formes sont géométriques et le dessin réduit à l’essentiel.
Il s’agit du dessin préparatoire à l’un des six vitraux commandés au maître verrier Jacques Gruber sur le thème du sport. Cet artiste appartient à l’école de Nancy et s’il se fait d’abord connaître comme représentant de l‘Art nouveau avec un style tout en courbes et contre-courbes, il se rapproche de l’Art déco avec une composition beaucoup plus géométrique. À votre avis, à quels bâtiments sont destinées ces pièces de vitrail ? Elles ont été réalisées pour le casino d’Ilbarritz situé sur la côte basque et illustraient les loisirs de plein air que les riches vacanciers pouvaient y pratiquer.
La tenue de cette joueuse de golf est emblématique des années 1920 où la mode sportive féminine se modernise. Les corsets sont abandonnés, les longueurs raccourcissent car hygiène et confort prévalent désormais sur l’élégance. Regardez sa robe, le bas plissé rappelle les jupes de golfeuses inventées par le couturier Jean Patou. Et sous son chapeau cloche, les traits finement dessinés de son visage de profil – réhaussés à la gouache blanche – illustrent sa concentration, peu avant le geste décisif.
Essayez d’imaginer l’œuvre finale, elle comporte peu de couleurs comme souvent dans les vitraux de style Art déco : le jaune pour les détails de l’habillement, le gris pour le matériel de golf et le noir pour les contours. Lorsque les rayons du soleil passent au travers, ils mettent tout particulièrement en valeur ces éléments, délimités par le plomb qui permet de souder les morceaux de verre à vitre entre eux.
Pour moi, la force de cette œuvre réside dans le mouvement qui s’en dégage alors même qu’elle est figée. Aussi bien matériellement dans le verre, que physiquement à peine le geste débuté. Et si les vitraux ont disparu avec le casino à sa fermeture après la crise économique de 1929, il semblerait qu’il ne manque qu’un rayon de soleil pour l’animer à nouveau et, qu’à la faveur d’une éclaircie, notre golfeuse vise, tape et marque !
Le Golf, Jacques Gruber, 1925, Dessin fusain ; gouache blanche ; rehaut sur papier calque, Musée départemental de l’Oise, Beauvais
Texte et voix : Pascaline Chevalier
Enregistrement : Margot Page
Montage : Jean Foucaud-Jarno
Musique & web : Philipp Fischer
Coordination : Julia Martin & Grégoire Verprat
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