Pépite • Dernier voyage
Bonjour, je m’appelle Nolwenn et aujourd’hui je vais vous parler d’aviron, de peinture et des loisirs du XIXe siècle.
En 1888, Ferdinand Gueldry peint l'Éclusée. Une très grande toile, dans laquelle il représente la société bourgeoise du XIXe siècle en train de pratiquer l’aviron.
Nous nous trouvons ici dans l’écluse de Neuilly sur Marne. De nombreux bateaux attendent l’ouverture des portes afin de pouvoir continuer leur promenade sur la Marne. Vous sentez la fraîcheur de l’eau ? L’artiste nous place en tant que spectateur comme si nous étions également à bord d’une embarcation. Le peintre représente l’aviron avec beaucoup de réalisme car il pratique lui-même ce sport. Il participe à des compétitions avec la Société Nautique de la Marne, à Joinville-le-Pont et est également juge-arbitre international. Vous pouvez facilement reconnaître les différents bateaux de sports et de loisirs parmi lesquels une barque, un kayak, un huit de pointe ainsi qu’un bateau à vapeur destiné aux voyageurs.
L’aviron en tant que discipline sportive apparaît vers la fin du XVIIe et le début du XVIIIe siècle. Les athlètes sont sur l’eau dans une embarcation, positionnés dos à la direction dans laquelle ils se déplacent, à la force de rames. C’est le cas dans le tableau, ce qui permet de voir les visages des personnages.
Né dans une famille aisée, Ferdinand Gueldry entre à l’école des beaux-arts où il devient l’élève du peintre Jean-Léon Gérôme. Vous voyez ce jeu de couleurs vives et ce camaïeu de vert ? L’artiste peint avec virtuosité la surface de l’eau. Grâce à un détail saisissant et une touche légère, on peut sentir la vibration des reflets et de la lumière.
L’artiste se plaît à représenter les bords de rivières et les canotiers qui naviguent pour faire le « Tour de Marne ». Il peint ici l’instantané d’une époque et ses loisirs. Au milieu du XIXe siècle, les canalisations et l’aménagement des rivières parisiennes permettent à l’aviron de devenir un nouveau loisir populaire. Ferdinand Gueldry observe les canotiers jusqu’à représenter en détails leurs costumes et maillots rayés. Son œuvre entière sur le thème des bords de Marne rend compte de la manière dont se pratique l’aviron, autant la préparation du bateau que la navigation.
J’apprécie particulièrement cette œuvre car j’ai moi-même pratiqué de l’aviron en club, sur la Marne au même endroit que le peintre. A toute allure j’aime le sentiment de voler à la surface de l’eau, et de part cette proximité sportive, je me plais alors à imaginer que Ferdinand Gueldry a ressenti ces mêmes sensations.
L'Éclusée, Ferdinand Gueldry, 1888, huile sur toile, 1,66 × 2,11 m, Reims, Musée des beaux-arts de Reims.
Texte et voix : Nolwenn Polge Poulichet
Enregistrement : Colin Gruel
Montage : Jean Foucaud-Jarno
Musique & web : Philipp Fischer
Coordination : Julia Martin & Grégoire Verprat
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