L'école buissonnière de Radio Campus Paris • Les Petites Ondes
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Il s’agit d’une amphore d’une cinquantaine de centimètres de hauteur dont il manque le col et le pied, qui a été produite à Athènes vers 500 avant notre ère. Elle est ornée de chaque côté d’un tableau où les figures vernies d’un noir brillant se détachent sur le fond orangé de l’argile. La première face donne à voir Athéna en arme faisant une grande enjambée vers la gauche. On appelle ce type d’Athéna « Promachos », ce qui signifie « celle qui combat en avant », une Athéna guerrière en somme.
Chez les Grecs, Athéna est en effet la déesse de la sagesse et de la guerre stratégique. Elle est encadrée par deux colonnettes surmontées d’un coq. Celle de gauche présente une inscription en grec ancien qui signifie « le prix des jeux d’Athènes », ce qui nous indique que ce vase est la récompense d’une compétition mais laquelle ? Trois athlètes en course ornent la seconde face. Ils se dirigent tous vers la droite, le sens de la victoire. Pourtant, un seul sera vainqueur.
Le véritable vainqueur qui est représenté en tête tout à droite, se retourne vers ses concurrents afin de s’assurer qu’ils ne le rattrapent pas. Après l’avoir emportée, il a vu sa tête ceinte d’une couronne végétale et a reçu cette amphore remplie d’huile d’olive. Ce vase nous place un peu comme les spectateurs d’une course se déroulant dans un stade de 180 à 200 m, espérant que l’athlète de notre cité arrive en tête.
La course de vitesse est la plus ancienne épreuve des Jeux Olympiques, qui comme leur nom l’indique, avaient lieu à Olympie, en l’honneur de Zeus. Cette épreuve d’athlétisme était soit une discipline indépendante, soit elle faisait partie du pentathlon comme c’est encore le cas aujourd’hui.
Mais ici il s’agit d’une amphore panathénaïque, c’est-à-dire en lien avec les Panathénées, fêtes en l’honneur d’Athéna durant lesquelles étaient organisés des jeux qui se tenaient chaque année à Athènes. Pour chaque épreuve, une amphore panathénaïque était remise au vainqueur : elles figurent toujours d’un côté la discipline dans laquelle l’athlète s’est illustré et de l’autre Athéna Promachos. Car en Grèce ancienne, les jeux sportifs avaient une dimension sacrée : ils se déroulaient dans les sanctuaires et faisaient souvent l’objet d’une trêve dite sacrée. C'était notamment le cas des JO au cours desquels les hostilités entre cités étaient suspendues pour deux mois.
Vous pouvez remarquer que les personnages sont en noir ici et non en rouge, alors que la technique de la céramique à figures rouges avait déjà été inventée à l’époque où cette amphore a été produite : c’est pour maintenir la tradition des premières amphores panathénaïques antérieures à l’invention des figures rouges !
Si j’ai une affection particulière pour les céramiques grecques antiques, c’est parce qu’elles nous racontent les mythes si chers aux Grecs anciens en les liant parfois, comme ici, à des activités plus concrètes de leur vie, par un matériau simple mais nécessitant une grande habileté technique.
Amphore, attribuée au peintre de Cléophradès, produite à Athènes vers 500 avant. J.-C., conservée au Musée du Louvre.
Texte et voix : Lyse Debard
Enregistrement : Colin Gruel
Montage : Jean Foucaud-Jarno
Musique & web : Philipp Fischer
Coordination : Julia Martin & Grégoire Verprat