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Bonjour, je m’appelle Marie, et aujourd’hui je vais vous parler d’une sculpture de Germaine Richier, L’Escrimeuse de 1943. Ensemble on va évoquer le mouvement, l’affrontement dans l’escrime et le contexte de la Seconde Guerre mondiale.
Sur un socle rectangulaire, une jeune femme de profil est en position de garde. On voit là une véritable combattante moderne habillée d’une tunique et de chaussons d’escrime ainsi que d’un casque à résille métallique. Elle est ancrée dans le sol, ses jambes sont fléchies. Son corps s’équilibre à l’aide de son bras gauche levé à l’arrière et son bras droit pointe le fleuret. Le fleuret, c’est une arme blanche utilisée dans la pratique de l’escrime qui est ici comme cassée, seul le manche est représenté.
La sculptrice a grandi près de Montpellier, une ville renommée pour sa pratique de l’escrime, notamment au XIXe siècle avec le célèbre maître d’arme Jean-Louis Michel. C’est un art très ancien qui est associé à l’Ancien Régime et qui est devenu une pratique sportive jusqu’à sa consécration lors des premiers Jeux Olympiques modernes de 1896 à Athènes. Germaine Richier a d’ailleurs fait venir un maître d’arme de l’Université de Zurich dans son atelier suisse pour lui servir de modèle. Mais en pratique, elle aurait pu prendre pour modèle une escrimeuse car les femmes pratiquent l’escrime aux Jeux Olympiques depuis 1924.
Germaine Richier suspend le corps et l’action dans le temps et l’espace. Comme si cette amazone anonyme allait se mettre à bouger d’un instant à l’autre. Comme si elle allait bondir sur son adversaire. Mais cet adversaire qui est-il ou qui est-elle ? Ce n’est pas anodin de représenter une femme comme cela. En 1943, Germaine Richier est en pays neutre dans une Europe en guerre, elle est en Suisse.
L’escrimeuse représentée en position de garde, entre attaque et défense, affronte sans peur les temps violents de son époque. Peut-être s’agit-il d’un combat que souhaiterait mener l’artiste réfugiée en Suisse. On pourrait donc y voir un autoportrait de l’artiste combattant la matière et la guerre, une évocation de sa situation d’exile, mais aussi une allégorie politique, une posture qui signale son désaccord.
Cette sculpture me fascine pour son aspect immobile et nerveux à la fois. Je trouve l’étude du mouvement fascinante. Elle me donne envie d’affronter le monde.
Escrimeuse avec masque, Germaine Richier, 1943, bronze patiné foncé, H. 105 cm, l. 70 cm, Montpellier, Musée Fabre.
Texte et voix : Marie Brochec
Enregistrement : Margot Page
Montage : Jean Foucaud-Jarno
Musique & web : Philipp Fischer
Coordination : Julia Martin & Grégoire Verprat
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