Ezra Furman • Suck the Blood from My Wound
Bonjour, je m’appelle Aure et aujourd’hui, je vais vous parler d’éventail, de sport et de robe.
L’objet que je vais vous présenter est un éventail publicitaire produit par le Bon Marché en 1910. Vous tenez donc un éventail à la main. Quand vous l’ouvrez, ses neuf palmettes se déploient et montrent un décor imprimé bicolore blanc et rouge. Ce sont des femmes qui font du cricket, du golf, de l’équitation ou encore du patin à glace.
L’éventail est un accessoire de mode qui arrive en Europe au XVe siècle par le commerce avec l’Orient. C’est au XVIIIe siècle qu’il est le plus utilisé et le plus élégant, il peut être en ivoire, en écaille couvert de plumes, de dentelles ou de papier peint à la main. Au XIXe siècle, les décors peints à la main sont remplacés par des décors imprimés plus rapides à fabriquer et moins coûteux. On produit alors beaucoup d’éventails commémoratifs et publicitaires comme ici.
En bas de chaque palmette, on retrouve la même inscription qui dit : “Au Bon Marché, A. Boucicaut Paris”. Le Bon Marché, c’est un grand magasin fondé en 1838. Il est rapidement racheté par Aristide et Marguerite Boucicaut, qui en font un grand magasin moderne. Émile Zola s’en inspire pour inventer le grand magasin, le Bonheur des Dames, dans son roman de 1883.
Les femmes sur l’éventail montrent la clientèle aisée du Bon Marché. En effet, les sports qu’elles pratiquent sont en 1910 réservés à une élite. On peut prendre l’exemple de la voiture, au centre de votre éventail, une palmette montre une femme conduisant une automobile. Au début du XXe siècle, la voiture est un produit de luxe et avant 1914, les femmes qui conduisent représentent moins d’1% des titulaires du permis de conduire en France. Elles sont donc vraiment marginales et celles qui conduisent sont des grandes bourgeoises et des aristocrates comme Camille du Gast ou la duchesse d’Uzès.
Comme le sport se développe, il faut de nouveaux vêtements plus adaptés, regardez les femmes sur l’éventail, elles portent toutes des jupes qui arrivent à mi-mollet, c’est très court pour l’époque. On mettait d’habitude des robes qui arrivaient jusqu’au sol. Ces jupes plus courtes sont donc beaucoup plus confortables pour courir après une balle de tennis ou faire de grandes enjambées en patin à glace.
J’adore cet éventail, le dessin est très délicat et vraiment très joli. Comme chaque dessin est dans un cadre, on dirait un peu des cases dans une BD. On peut imaginer une histoire derrière chaque image, par exemple : où va la femme qui conduit ou comment s’appelle le chien de celle qui est à la chasse ?
Éventail plié, Au Bon Marché, vers 1910, Impression en couleurs, papier cartonné, carton, fer. Palais Galliera, musée de la Mode de la Ville de Paris.
Texte et voix : Aure Lapierre-Renard
Enregistrement : Sibylle Buloup
Montage : Jean Foucaud-Jarno
Musique & web : Philipp Fischer
Coordination : Julia Martin & Grégoire Verprat
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