Gilberto Gil • Tatá Engenho Novo
Je m’appelle Carla et je vais vous parler de football, de couleur et de mouvement.
Imaginez quatre toiles de format réduit intitulées Les footballeurs peints par de Staël en 1952. Des blocs épais de peinture rouge, bleu et blanche s’agencent sur un fond noir. Nous ne pouvons voir ni profondeur ni détails dans ces œuvres, seulement des aplats de couleurs vives qui traduisent une agitation, un mouvement. Petit à petit, on reconnaît des silhouettes qui s’agitent devant un ciel nocturne, un cercle blanc, qu’on peut d’abord confondre avec la lune, se transforme en ballon. Ce sont des footballeurs en plein match nocturne et les couleurs sont celles des maillots de l’équipe de France.
Ces toiles représentent donc un match de football qui a bel et bien eu lieu, le match amical du 26 mars 1952 qui opposait la France à la Suède. Pour la première fois en France, un match se joue de nuit, éclairé par les projecteurs. L’équipe des bleus est alors en pleine reconstruction après la guerre. Plusieurs joueurs très talentueux rejoignent l’équipe comme Just Fontaine, Raymond Kopa ou Roger Piantoni, ils sont connus sous le nom de “génération dorée”.
Le peintre Nicolas de Staël qui est venu assister au match avec sa femme, est peu sensible à toute cette agitation sportive, il n’est pas un grand fan de foot et il est là par hasard. Mais à sa grande surprise, à la fin du match, il sort du stade complètement bouleversé.
Vous vous demandez pourquoi ? De Staël admire l’énergie des joueurs et le mouvement de leur corps. L’éclairage artificiel contribue sûrement à accentuer les couleurs. De retour chez lui, il passe la nuit dans son atelier à peindre et ne s’arrête pas pendant un mois.
Il n’a peint que l’essentiel, pour laisser place à l’action du match. Les corps musclés sont réduits à des formes géométriques de couleurs franches. En effet, de Staël est connu pour être un grand coloriste. Ces coups de pinceaux sont vigoureux et la matière picturale est épaisse. Par son style, il arrive à nous faire ressentir toute l’émotion du match.
Face à ces œuvres, je me sens emportée par l’euphorie du match et par cette tension qui monte : qui va gagner ?
Les Footballeurs, Nicolas de Staël, 1952, huiles sur toile, formats multiples ; 14 x 22 cm : 19 x 27 cm : 22 x 27 cm : 16 x 22 cm, Dijon, Musée des Beaux-Arts.
Texte et voix : Carle Reboud
Enregistrement : Sibylle Buloup
Montage : Jean Foucaud-Jarno
Musique & web : Philipp Fischer
Coordination : Julia Martin & Grégoire Verprat
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