Tim Hecker • In mother earth phase
Je m’appelle Lia et je vais vous parler de bicyclettes, de couleurs et de vacances.
Dans son huile sur toile, peinte entre 1943 et 1948, intitulée Les quatre cyclistes, Fernand Léger dépeint un environnement vivement coloré au centre duquel quatre femmes accompagnées de deux bicyclettes s’offrent à notre regard. Dans une pose frontale, elles nous observent, figées comme si elles attendaient d’être prises en photo. Mais ce qui vous frappe au premier coup d’œil ce sont ces grandes tâches de couleurs bleues, jaunes, rouges et vertes qui se faufilent entre le premier et l’arrière-plan et ne respectent pas les contours du dessin.
Fernand Léger peint ici une scène heureuse, à l’image du contexte historique à la fin des années trente marqué par l’utilisation de la bicyclette par les Français. Cet intérêt pour le vélo est à mettre en lien avec les congés payés qui permettent aux travailleurs de partir en vacances, lesquels s’empressent de grimper à vélo pour gagner leurs destinations. Mais aussi, cela a à voir avec la popularité des compétitions sportives comme le tour de France, le Paris-Roubaix, ou bien le fameux Paris-Brest, qui se voit célébré avec la création d’une pâtisserie à son nom !
Alors que le cyclisme est une discipline connue du monde sportif, ici elle est déclinée dans son pendant récréatif. Le motif de la bicyclette est donc convoqué comme véritable emblème du loisir populaire et du plaisir avant tout !
Le traitement des couleurs lui est inspiré de ce que le peintre a connu lors de son exil aux États-Unis pendant la Seconde Guerre mondiale. Là-bas, il est fasciné par les vêtements aux couleurs criardes des Américaines, comme des projecteurs de Broadway ou bien encore des panneaux publicitaires qui s’amuse à changer les couleurs de la ville à toute allure. C’est de là que lui vient l’idée de ce procédé plastique de la dissociation du dessin et des couleurs. Cette technique dite de la “couleur en dehors” est ici expérimentée par Fernand Léger pour la première fois
C’est une œuvre qui selon moi prête à sourire. Je la regarde un peu comme une vieille carte postale qui me parlerait d’un temps que je n’ai pas connu. Et je me plais à imaginer derrière ce rideau de couleur tous une série de paysages de vacances.
Les quatre cyclistes, Fernand Léger, 1943 et 1948, huile sur toile, 129 x 161,5 cm, Biot, Musée national Fernand Léger.
Texte et voix : Lia Touzé
Enregistrement : Margot Page
Montage : Jean Foucaud-Jarno
Musique & web : Philipp Fischer
Coordination : Julia Martin & Grégoire Verprat
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