Lagrace • Vie
Je m’appelle Marie-Charlotte et aujourd’hui je vais vous parler de coup droit, de revers, et surtout de couleurs.
L’œuvre que je vous présente se nomme Tennis, Le Filet. Il s’agit d’une aquarelle peinte par Henry Valensi en 1930. L’unique personnage est un joueur de tennis. Vêtue de blanc et placée au centre de la toile, sa silhouette se détache nettement du fond uni de couleur vert émeraude. Peut-être que vous vous demandez où se trouve son adversaire ? Il n’y en a pas. Le joueur est seul face au filet, à la fois devant et derrière. Telle une créature fantastique, il a plusieurs bras, et autant de raquettes qui percutent avec force toute une multitude de balles. Autour, c’est le vide. Il n’y a pas de sol, le personnage et le filet semblent flotter dans les airs.
Dans son aquarelle, l’artiste utilise la couleur pour représenter le mouvement. Les bras sont matérialisés par des lignes et des hachures de couleurs chaudes. Frappant frénétiquement les balles, les raquettes semblent déchirer le fond uniforme, laissant dans leur sillage des trainés rouges et oranges.
Comme le joueur de tennis qui joue d’appuis et d’enjambées pour saisir les volées, qui casse le rythme de ses courses et feinte ses coups pour déstabiliser l’adversaire, le peintre joue avec les formes et surtout les couleurs.
Henry Valensi est un artiste d’avant-garde. Son art repose sur la révélation du potentiel émotif de la couleur. Deux ans après avoir réalisé cette peinture, il fonde le mouvement musicaliste. Ce mouvement original à la particularité de réaliser des œuvres artistiques selon des lois jusqu’ici musicales, où la toile se lit, comme elle s’écoute. Dès lors, il ne s’agit pas d’adopter une approche purement figurative, mais bien de mobiliser formes et couleurs au service d’une impression dynamique, capable de restituer l’énergie de la scène. Entendez-vous le rebond des balles sur le court ?
Ce qui me touche particulièrement dans cette œuvre, c’est l’intensité qui s’en dégage. Par les oppositions de couleurs et le rythme des formes, on ressent le mouvement du joueur, on ressent sa force, et la précision de ses coups.
Et si, finalement, le secret de cette aquarelle résidait non pas dans la forme mais dans le son ?
Tennis, Le Filet, Henry Valensi, Aquarelle sur papier, 53,5 x 36,5 cm, Paris, Centre Pompidou.
Texte et voix : Marie-Charlotte Mille
Enregistrement : Sibylle Buloup
Montage : Jean Foucaud-Jarno
Musique & web : Philipp Fischer
Coordination : Julia Martin & Grégoire Verprat
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