Abel Chéret • J'avale
Salut, je m’appelle Solène, et aujourd’hui je vais vous parler instantané, saut à la perche et image mentale.
Les photographies en question ont été prises dans une université américaine par Eadweard Muybridge à la fin du XIXe siècle. Sur un papier épais sont imprimées deux séries de 11 clichés en noir et blanc. Elles montrent chacune un homme, nu, sautant à la perche de points de vue différents. Il prend de l’élan, se tend, passe, et se réceptionne.
Ce genre de photos peut paraître banal. Vous savez, les différentes phases de la Lune, qu’on a tous dû apprendre en cours ? Là, c’est le même principe, mais en plus rapide. Et à la fin du XIXe siècle, c’est une révolution. Les photographes étaient alors incapables de produire des photos nettes de sujets en mouvement, autrement dit des instantanés. Ce problème est résolu en 1871, avec l’élaboration d’une substance photographique réagissant plus vite à la lumière.
Contrairement à la technique de la chronophotographie inventée plus tard par Étienne-Jules Marey, 22 appareils photo ont été utilisés au lieu d’un seul. Chacun d’eux est relié par courant électrique à un fil. La prise de vue est déclenchée lorsque le perchiste le brise pendant son saut.
La première fois, je n’ai pas tout de suite compris que la série montrait du saut à la perche car le sportif est nu et la perche ne se plie pas. La nudité rappelle l’origine antique de la discipline, présente dès les premiers JO modernes. Mais pourquoi la tige paraît-elle aussi rigide ? La perche est en bois, pas en fibre de carbone ! Pour vous donner une idée, de 3,30 mètres en 1930, le record passe à 6,22 mètres en 2023 grâce à Armand Duplantis. Les progrès techniques font donc sauter toujours plus haut, comme les avancées en photographie permettent de prendre des sujets toujours plus variés.
Finalement, je trouve cette œuvre particulièrement intéressante. Elle inaugure quand même les premières photos de mouvements instantanés. À l’époque, l’image mentale que les gens ont de leurs mouvements s’en trouve bouleversée : la marche, l’eau en mouvement, la course du cheval. Je trouve fascinant que l’effet de surprise fonctionne même encore aujourd’hui.
Homme nu sautant à la perche, Eadweard Muybridge, 1887, héliogravure, Paris, musée d’Orsay.
Texte et voix : Solène Roy
Enregistrement : Colin Gruel
Montage : Jean Foucaud-Jarno
Musique & web : Philipp Fischer
Coordination : Julia Martin & Grégoire Verprat
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