Boyscott • After Dark
Je m’appelle Rachel et je vais vous parler aujourd’hui de judo, de légèreté et d’équilibre.
La sculpture qui se trouve devant vous, se nomme Le judo, et a été réalisée par l’artiste français Maurice Guillaume en 2001. En bronze, de couleur rouille, elle représente le combat de deux judokas. Sur un pied, l’un soulève l’autre dans un mouvement presque chorégraphique voulant le mettre au sol, c’est l’instant avant la chute qui est capturée.
Leurs membres rugueux facilement lisibles semblent être des branches, et leur corps comme déconstruits et noués, finissent par se confondre, créant ainsi presque un tronc d’arbre. Particulièrement géométrique, la forme globale de l’œuvre ressemble alors à celle d’une équerre. C’est l’instabilité dans un équilibre parfait qui est ici représentée.
Malgré la voltige précédant la chute d’un des deux sportifs, pouvant faire ressentir une sensation de brutalité dans l’acte effectué, la légèreté demeure, comme si la pensée psychique du judoka était retranscrite.
« Voie de la souplesse » est ce que signifie le mot judo en japonais. Créé en 1882 par Jigorō Kanō et s’inspirant du ju-jitsu à vocation guerrière, le judo est un art martial à pédagogie physique, mentale et morale, et au raisonnement particulièrement poétique.
La légende veut qu’en hiver, le maître remarqua que les branches des cerisiers se cassaient sous le poids de la neige alors que les roseaux se pliaient simplement pour s’en débarrasser. L’art du judo consiste donc à amener avec souplesse son adversaire au sol comme le fait le roseau avec la neige.
Particulièrement influencé par l’art abstrait et le sport, Maurice Guillaume, ancien étudiant à l’école des beaux-arts à Paris transforme ces deux judokas en végétaux, nous rappelant alors l’origine lyrique de cette discipline qui a fait sa première apparition aux Jeux Olympiques à Tokyo en 1964. Aujourd’hui, la France est le deuxième pays médaillé dans ce sport après le Japon.
Avec ses quatre dimensions, la sculpture occupe l’espace et donne, selon l’artiste, le sentiment d’éternité. Dans son immobilité, elle doit donner l’illusion du mouvement. Comme emprisonnée dans la lave, l’instant est ici suspendu et une sensation de flottement envahit l’espace. La chute du judoka survenant bientôt, nous, spectateurs, ressentons toutes les émotions comme si nous assistions au combat. Pensez-vous qu’il va réussir à s’en sortir ? Et qui donc va gagner ?
J’aime cette œuvre car elle invite le spectateur dans son univers mouvementé. Je l’aperçois comme une danse contemporaine où la grâce des figures se mêle à la puissance et à la force qui émanent de l’œuvre. Elle est une valse de personnages associant une approche plastique occidentale à un art martial asiatique.
Le judo, Maurice Guillaume, 2001, bronze, 44 cm de hauteur, Nice, Musée national du Sport.
Texte et voix : Rachel Morin
Enregistrement : Colin Gruel
Montage : Jean Foucaud-Jarno
Musique & web : Philipp Fischer
Coordination : Julia Martin & Grégoire Verprat
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