Coline Rio • Se dire au revoir
Bonjour, je m’appelle Philippe et aujourd’hui je vais vous parler de tennis, de peinture et de mythologie.
Nausicaa, jeu de balle est une peinture de Maurice Denis réalisée en 1913.
Imaginez-vous au bord d’un étang bleu, dans une campagne au sol ocre, aux arbres jaunes, aux montagnes violettes. Du ciel jusqu’au sol, le premier plan est occupé par deux jeunes femmes debout, chacune raquette à la main.
L’une est vue de dos en longue robe blanche échancrée, et l’autre porte une longue robe rouge, tournée de profil. Elles scrutent dans le ciel vert pâle la retombée d’une balle, encore trop haute pour qu’on la voit entrer dans le cadre. Si la première, en blanc, a déjà abandonné l’idée de pouvoir l’attraper, son amie en robe pourpre, plus confiante et souriante dresse fièrement sa raquette pour récupérer le tir.
Le titre Nausicaa, jeu de balle est curieux ; bien que nos protagonistes soient habillées à la mode du début du XXe siècle. Il suggère que nous ayons ici affaire à une œuvre d’inspiration mythologique. En effet, dans l’Odyssée, Ulysse se trouve naufragé sur les rivages légendaires de Phéacie où il est recueilli par la princesse locale Nausicaa qui tombe sur lui par hasard alors qu’elle jouait à la balle avec ses amies.
Vous vous en doutez, le tennis n’existait pas à l’époque d’Ulysse. L’artiste, né en 1870, est en réalité plutôt influencé par son époque qui voit la réglementation du tennis moderne en 1870 et la création du tournoi de Roland-Garros en 1891.
L'iconographie est caractéristique du goût de Maurice Denis pour les sujets sacrés ou issus de l’imaginaire. Durant sa formation artistique à l’Académie Julian, ce dernier s’était associé à d’autres jeunes peintres, réunis sous l’influence de Paul Gauguin et s’auto-proclamant “Nabis”, littéralement des prophètes, en hébreu.
Entre 1888 et les années trente, ce groupe d’avant-garde prône un retour à un art dit “primitif”, privilégiant un style épuré dans lequel les couleurs seraient au service de la vérité des formes et de l’émotion. Cette attention particulière des Nabis au traitement des couleurs est sensible dans Nausicaa, on la retrouve dans la gamme chromatique chaude avec l’emploi de jaunes vibrant et irréels pour représenter la végétation.
Ce qui me touche dans ce tableau, c’est l’élégance qui se dégage de ces jeunes femmes saisies dans l’instant du jeu, habillées paradoxalement de longues et belles robes très peu pratiques pour faire du sport.
Nausicaa, jeu de balle, 1913, peinture à l’huile, 160,5 par 106 cm, conservée à Nice au Musée National du Sport.
Texte et voix : Philippe Aregba
Enregistrement : Sibylle Buloup
Montage : Jean Foucaud-Jarno
Musique & web : Philipp Fischer
Coordination : Julia Martin & Grégoire Verprat
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