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Bonjour, je suis Chiara et je vais vous parler de trophée, de porcelaine et de centenaire.
Imaginez un vase, bleu foncé avec des motifs de laurier dorés, sur sa partie haute quatre médaillons avec un décor blanc sur un fond gris. Ils représentent chacun un sport et, comme il existe quatre modèles de ce vase, seize sports différents ont été représentés, du tennis à l’aviron, en passant par le football et le javelot. Enfin, le col du vase a un décor d’aéroplanes blancs sur un fond gris.
Nous sommes à Paris, en 1924, pendant les Jeux Olympiques. Une épreuve vient de se terminer, on dresse le podium et le vainqueur reçoit, en plus de sa médaille, non pas un bouquet de fleurs ou une peluche géante, mais ce vase que je viens de vous décrire. Étonnant, non ?
Remontons un peu le temps. Sous l’Antiquité, en Grèce, moment et pays où sont nés les Jeux Olympiques, on remet déjà des vases aux vainqueurs des compétitions sportives : certains sont d’ailleurs conservés au musée du Louvre aujourd’hui. Mais quand en 1896 le Français Pierre de Coubertin crée les JO modernes, il s’oppose à ce qu’on donne des trophées aux gagnants, qui reçoivent alors seulement des médailles et des diplômes. Coubertin, c’est l’auteur du célèbre adage « l’important, c’est de participer » : il devait penser que les vainqueurs auraient trop d’ego si on leur donnait un trophée !
Mais en 1924, à Paris, on aimerait bien valoriser les productions françaises ! Alors on va à l’encontre du règlement des Jeux Olympiques, et on commande à la Manufacture de Sèvres des vases pour les offrir aux vainqueurs comme trophées. Les productions de Sèvres, manufacture de porcelaine créée par le roi Louis XV au XVIIIe siècle et qui incarne l’excellence de l’artisanat à la française, seront ainsi visibles du monde entier !
À Sèvres, tous se mobilisent pour cette commande exceptionnelle : Octave Guillonnet dessine le modèle, c’est-à-dire la forme et le décor, Émile-Louis Bracquemond s’occupe des aspects techniques de la pâte et des colorants, et les ateliers de production fabriquent pas moins de 309 exemplaires de ce vase. Son décor glorifie le sport, mais aussi l’esprit de fraternité olympique, puisque les aéroplanes dont je vous parlais symbolisent l’union entre les nations.
Ce que je trouve extraordinaire dans cette aventure, c’est le lien qui a été tissé entre une production de luxe, perçue comme élitiste, associée à l’Histoire de la France, et un événement populaire, moderne, et cosmopolite comme les Jeux Olympiques. J’aimerais bien savoir ce qu’ont fait les vainqueurs de leur vase une fois rentrés chez eux ! L’ont-ils gardé ? Exposé dans leur salon ? Ou revendu ? En tout cas, beaucoup d’exemplaires sont aujourd’hui conservés dans des musées français et étrangers !
Vase des vainqueurs des Jeux Olympiques, Émile-Louis Bracquemond, Octave Guillonnet, Manufacture de Sèvres, 1924, porcelaine, Ht. 34 cm, Paris, Petit Palais.
Texte et voix : Chiara Perez
Enregistrement : Suzanne Saint-Cast
Montage : Jean Foucaud-Jarno
Musique & web : Philipp Fischer
Coordination : Julia Martin & Grégoire Verprat
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