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Je m’appelle Jade et je vais vous parler de couleurs, de mouvement et de course à pied.
Les Coureurs de Robert Delaunay est un tableau peint au cours de l’été 1924, durant les VIIIe Jeux olympiques d’été. On y voit un peloton de cinq coureurs à pied aux maillots colorés. Ils se trouvent dans le virage d’une piste d’athlétisme, devant les tribunes d’un stade vide.
La couleur ! Voici la première chose qui frappe en regardant la scène. Composée de touches d’orange, de jaune, de rouge, ou encore de vert, on est ébloui par tant de couleurs. Pour créer cet effet, Delaunay s'est inspiré de la loi du contraste simultanée des couleurs du chimiste Michel Eugène Chevreul. En opposant les couleurs complémentaires entre elles, comme l’orange de la piste de course avec le bleu du maillot d’un coureur, il rend alors la toile vibrante et dynamique.
Qui dit course, dit vitesse ! Le nez, la bouche et les sourcils sont les seuls éléments du visage visibles chez ces athlètes. De même, aucune présence de leurs pieds, comme si la vitesse de la course nous les rendait invisibles. Les maillots colorés des athlètes sont l’unique moyen de les différencier.
La course à pied est l’une des épreuves les plus anciennes des jeux olympiques. Appelée le stadion, elle consistait à courir sur une longueur de stade, 193 mètres, plus précisément pour celui d’Olympie. Il s’agissait de la distance que le héros Hercule pouvait, selon la légende, courir sans reprendre son souffle. Pourtant, Delaunay utilise ici l’iconographie de ce sport pour témoigner de l’évolution de la société et de sa modernité. Modernité, par exemple, à l’œuvre dans le stade de Colombes où une piste de 500 mètres est la grande nouveauté.
Première d’une série de huit toiles réalisées entre 1924 et 1926, cette œuvre témoigne aussi de l’évolution du style de Delaunay qui oscille entre figuration et abstraction. Dans les dernières versions, les sportifs ne se résument plus qu’à des formes colorées. Enfin, le tableau ne nous présente que des coureurs, mais qu'en est-il des athlètes féminines ? Uniquement accessibles aux hommes lors des premiers jeux modernes en 1896, les épreuves d’athlétisme sont ouvertes aux femmes à partir des jeux de 1928 à Amsterdam.
J’ai choisi ce tableau car j’apprécie cet artiste qui fut l’une de mes premières découvertes en arrivant à Paris. Sa toile L'équipe de Cardiff au Musée d’Art Moderne de Paris représentant des rugbymen m’avait notamment fortement marqué, par sa taille et sa modernité.
Les Coureurs, Robert Delaunay, 1924, huile sur toile, 1,14 x 1,46 m, Troyes, musée d’Art Moderne.
Texte et voix : Jade Loiselle
Enregistrement : Margot Page
Montage : Jean Foucaud-Jarno
Musique & web : Philipp Fischer
Coordination : Julia Martin & Grégoire Verprat
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