Lijuat Barbe-Rousseau-Descloux - Périssoires, Gust...
Lijuat Barbe-Rousseau-Descloux - Périssoires, Gustave Caillebotte

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Type
Autre
Culture
Sport
samedi 1 juin 2024
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Bonjour, je m’appelle Lijuat, et je vais vous parler de canotage, de rameurs et d’impressionnisme.

Il était une fois un tableau intitulé Périssoires peint en 1878 par Gustave Caillebotte. Ce tableau nous raconte l’histoire de deux rameurs, de dos, qui pagaient tranquillement sur une rivière, sans doute en été. Le feuillage dense des arbres inclinés dissimule le ciel tandis que l’eau reflète la lumière. Intégrez ce tableau de format portrait à bord d’une autre périssoire, ressentez la brise qui frôle vos joues et appréciez le doux clapotis de la rivière.  

Le terme “périssoire” vous est peut-être inconnu. Forgé à partir du verbe “périr”, ce mot désigne un canot singulier, long, étroit, qui peut facilement chavirer. Voyez maintenant ces canotiers vêtus d’un costume de marins et accompagnés de pagaies que Gustave Caillebotte représente abondamment vers 1870. Imaginez alors un curieux équilibre entre l’exaltation de l’effort physique des rameurs et la finesse des périssoires semblant glisser sur l’eau avec grâce et précision.  

Grâce au traitement impressionniste de la scène, Caillebotte traduit son instantanéité : il parvient à vous plonger en immersion dans le tableau et explore la réflexion de la lumière sur l’eau. Au premier plan, les reflets se traduisent par des coups de pinceaux blancs et gris sur l’eau d’un camaïeu vert. 

Je peux aussi vous parler du japonisme : c’est l’influence de la civilisation et de l’art japonais sur les artistes occidentaux, entre 1860 et 1890, grâce à des accords commerciaux qui voient l'Europe inondée d'estampes japonaises. Notre tableau fait partie d’un ensemble de trois panneaux verticaux, rappelant les ukiyo-e, estampes japonaises à trois feuilles. Nous retrouvons aussi l’influence du japonisme dans le traitement des arbres inclinés au-dessus des canotiers, apportant une certaine planéité à l'œuvre tandis que le cadrage audacieux coupe le canot au premier plan et le fait ainsi sortir de la composition.  

Le format vertical accompagne effectivement le mouvement des périssoires, imitant la rapidité et la précision de ce sport en vogue depuis 1870 ! Mariant dandysme et effort physique, le canotage est une respiration hebdomadaire pour le citadin aisé qui veut compenser ce que la ville peut avoir de débilitant. Avec sa double pagaie, cette pratique sportive qui n’existe plus n’est pas sans rappeler le canoë-kayak, loisir très répandu que l’on retrouve aux épreuves sportives de sprint et de slalom aux Jeux Olympiques ! 

Le plus précieux à mon sens est l’impression d’entrer dans la scène et de l’expérimenter via les sens, de sentir le vent caresser les feuillages et d’entendre le clapotis de la rivière. 

Périssoires, Gustave Caillebotte, 1878, Huile sur toile, 115,5 x 108,5 cm, musée des Beaux-Arts de Rennes.


Texte et voix : Lijuat Barbe-Rousseau-Descloux

Enregistrement : Kélian Jeannez

Montage : Jean Foucaud-Jarno

Musique & web : Philipp Fischer

Coordination : Julia Martin & Grégoire Verprat

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