Amewu • Leidkultur
Mon beau-père René est en pré-retraite. Il consacre quelques semaines par an à une vieille maison provençale, vide depuis le récent décès de sa mère. Il y fait ce rangement douloureux qui participe du deuil d’un parent, il dépoussière et trie les souvenirs d’une vie, jette, conserve ou donne des habits, des meubles et des peintures du dimanche. Il parle d’une bâtisse en pierres un peu sombre, plantée sur le flanc du Mont Ventoux, dans un village tassé pour résister aux sécheresses estivales. Un jour, il en a ramené des trésors inattendus dignes d’un musée, comme ces nappes Art Déco brodées à la main aux initiales familiales. Ils ont fait comme retentir l’écho du passé maternel enfoui.
Vous entendrez la reconstitution d’une vie romanesque et le portrait d’un personnage endurci. Vous n’entendrez pas le contenu des correspondances inquiètes de l’Occupation, ni les babillages des hautes sociétés expatriées, mais vous devinerez le froissement d’un cœur déçu et le silence d’un veuvage.
Un portrait réalisé par Fanny Catté, pour le festival Brouillage
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