eclipse met en avant les nouveautés musicales de la scène électronique. • eclipse
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Plus grand pays d’Amérique latine, le Brésil se démarque par la diversité de cultures, de populations, de rythmes, d’histoires et de mémoires qu’il abrite. La société brésilienne porte également la marque de fortes inégalités économiques, sociales, raciales et de genre. Si l’élection de Luiz Inácio Lula da Silva le 30 octobre 2022 a suscité un vent d’espoir au sein de la société civile, le legs et l’ancrage du bolsonarisme représentent un frein à tout changement social profond. La formation politique de Jair Bolsonaro est aujourd’hui encore le parti qui compte le plus de député·es et sénateurs·rices au Brésil. Le Parti Libéral (PL), d’extrême droite, est par ailleurs arrivé en tête au premier tour des élections municipales d’octobre 2024, qui ont scellé l’affaiblissement du Parti des Travailleurs (PT). À la veille du second tour, nous revenons, dans cette émission, sur les luttes et les revendications sociales et environnementales des populations historiquement discriminées et invisibilisées.
Paloma Petrich, Sylvie Argibay, Manon Méziat, Anael Michel et Pauline Rossano nous proposent de revivre la 20ème édition du festival Brésil en Mouvements ! à travers une chronique-reportage riche en interviews et débats. Organisé par l’association Autres Brésils depuis 2005, ce festival consacré au cinéma documentaire brésilien a construit et développé une identité militante très forte. Cette année, le cinéma afro-brésilien ayant été mis à l’honneur pour le premier weekend du festival, Paloma Petrich et Sylvie Argibay ont choisi de parler du racisme structurel au Brésil, du mythe de la « démocratie raciale » et de l’exclusion des personnes noires des politiques publiques au cours d’un riche entretien avec la cinéaste Leila Xavier.
Manon Méziat et Anael Michel nous invitent, quant à elles, à (re)découvrir le Mouvement des Sans-Terre (MST), un mouvement social d’ampleur au Brésil, formé par des paysan·nes qui luttent pour une réforme agraire populaire, et à entendre les voix de deux de leurs militantes, Amanda Samarcos et Juliane Soares Ribeiro, rencontrées au cours de la deuxième partie du festival consacrée aux conflits et aux luttes agraires. La consolidation de l’extrême droite au sein des institutions et des subjectivités au Brésil a aussi été mise en lumière à travers les films et débats qui ont marqué cette édition d’un festival foisonnant et renversant.
Astrée Toupiol, tout juste rentrée d’un séjour de cinq mois à Rio de Janeiro, raconte pour Semillas Latinas les initiatives agroécologiques communautaires portées par les Cariocas, les habitant·es de Rio. Dans ce reportage inédit, réalisé sur place, nous partons à la découverte des protagonistes de l’initiative Redes da Favela Sustentável, un projet qui met en lumière les solutions innovantes développées au sein des favelas, qui se trouvent souvent en première ligne face au changement climatique. Nous découvrons ensuite les hortas comunitárias, ces potagers partagés mis en place par la préfecture de Rio.
Pour prolonger cette exploration des territoires au prisme des discriminations et des luttes environnementales, les chroniqueuses de Semillas Latinas se sont intéressées aux peuples autochtones anciens et actuels qu’a abrités l’Amazonie, ainsi qu’aux traditions musicales brésiliennes, porteuses de métissages et de militantisme, et plus particulièrement au rôle des femmes dans cette histoire.
Pauline Rossano nous invite à écouter les voix féminines majeures de la samba et de la bossa nova au cours d’une immersion sonore, où vous découvrirez certaines idoles de la musique brésilienne, qui se sont aussi illustrées par leur engagement politique en incarnant la voix de l’opposition au régime dictatorial brésilien qui a sévi de 1964 à 1985. Au Brésil, la musique ne cesse de se réinventer grâce à des héritages multiples, un métissage unique au monde et des traditions musicales propres à chaque région. Les sonorités mêlent, aujourd'hui, des rythmes du passé et des inspirations du présent et du monde entier. Sur cette scène musicale effervescente, les artistes afro-brésiliennes se font particulièrement remarquer.
Enfin, Anael Michel nous parle de l’Amazonie, en revenant sur le développement de la technologie du Lidar qui est à l'origine d’importantes découvertes archéologiques dans ce territoire abritant 10% de la biodiversité mondiale, sur près de 7 millions de km2 de forêt foisonnante. Des sites époustouflants ont récemment pu être retrouvés, témoignant de civilisations complexes et balayant les idées reçues sur les cultures autochtones s’étant développées dans ce milieu, grandement fantasmé et méconnu. Le processus d'anthropisation précoce et profond de la forêt met à mal le mythe de la « forêt vierge », relayé par nos imaginaires coloniaux et exotiques. À l’heure où l’Amazonie est en proie aux feux de forêts et à la déforestation massive, l’enjeu de la préservation du patrimoine culturel s’ajoute à l’urgence environnementale.
Vous écouterez également deux morceaux représentatifs de la musique populaire brésilienne d’hier et d’aujourd’hui, « Chove Chuva » de Jorge Ben Jor et « Banho de Folhas » de Luedji Luna, et apprécierez l’habillage sonore original de Semillas Latinas, dû aux talentueux·euses Iñaki Modrego, Emilio Rossano et Pauline Rossano. Que soit remercié, pour finir, notre réalisateur Mickaël Adarve, qui rend tous nos projets possibles !