Balladur • Michaela
Mondialisation et ségrégation socio-spatiale à Paris et en Ile-de-France
Enregistrement public le jeudi 10 novembre à 18h au salon de lecture du musée du quai Branly (entrée libre dans la limite des places disponibles)
Paris pour le monde : capitale mondiale du tourisme, ville-lumière qui resplendit aux quatre coins du globe des mille feux de ses boulevards de carte postale, de ses innombrables musées et de ses cafés chics. Paris pour le monde, se voulant "grand" et préparant sa nébuleuse suburbaine à s'innerver de nouveaux réseaux de transports, de pôles de compétitivité et autres clusters technologiques pour mieux intégrer le territoire francilien dans ses composantes disparates mais surtout, peut-être, dans la mondialisation.
Paris est bel est bien le cœur d'une île de France, une île qui a beau être reliée au reste du territoire par force routes, rails et canaux, une île qui n'en finit pas de se détacher du continent français et de donner au corps anémié de l'hexagone une tête toujours plus démesurée.
Mais malgré sa magnificence, l'île francilienne se morcelle ! Elle ne prend pas en bloc le large de la mondialisation heureuse, loin s'en faut. A son bord, la vie ressemble pour une large part de l'équipage, au calvaire des galériens. Pour eux qui traversent souvent Paris dans les tunnels sous-terrains des RER pour transiter d'une banlieue à l'autre, l'embarcation francilienne prend plus la forme d'un radeau fébrile que d'une croisière qui s'amuse. D'ailleurs, les études le montrent : ces franciliens les plus pauvres du nord de la petite couronne s'appauvrissent au rythme où ceux de l'ouest (leurs voisins, donc!) s'enrichissent ! N'y a-t-il pas là d'ailleurs un cocktail explosif qui, à force de voyages de classes, pourrait finir, un jour, par prendre ?
Mais Paris ville globale rime aussi avec Paris ville inabordable, et face à la flambée des prix de l'immobilier, des quartiers autrefois populaires et boudés par les classes moyennes sont investis par ces dernières : c'est ce qu'on appelle la gentrification (nous en avions déjà parlé dans une précédente émission avec l'anthropologue Sophie Corbillé). Mais la gentrification n'est pas un phénomène monolithique qui verrait une classe moyenne homogène (qui n'existe pas !) transformer de façon prévisible des quartiers populaires en quartiers "bobos" (pour "bourgeois bohème") et chasser ainsi toute trace de "peuple" dans les zones "conquises". Comme le rappelle la sociologue Anne Steiner, arpenteuse des cafés de Belleville depuis plus de vingt ans, "il faut accepter l'idée que le peuple c'est aussi cette jeunesse qui enchaîne les CDD, les stages, les statuts d'intermittents", cette jeunesse que l'on retrouver précisément dans ces quartiers en cours de gentrification du Nord-Ouest de Paris et dans les communes frontalières de Montreuil ou de Saint-Denis.
Tous ces phénomènes sont complexes et cruciaux pour la compréhension de nos conditions de vie de franciliens : c'est pourquoi nous prendrons le temps d'en parler ce jeudi 10 novembre de 18h à 19h au salon de lecture du musée du quai Branly en présence de :
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