L'émission qui mêle la recherche aux actes pour une société plus écologique • À La Racine Des Mots
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Cette saison, avec Museum side, on vous emmène parcourir la capitale pour dénicher pour vous les expositions qui valent le coup d’œil ou celles qui au contraire sont un peu décevantes. Le principe chaque mois : deux expositions à l'affiche dans de grands musées parisiens sur lesquelles nous débattons avec à chaque fois un invité spécialiste qui nous donne des clés de compréhension.
On connaît Arnold Schönberg principalement comme le révolutionnaire de la musique classique telle qu'on la connaissait avant le milieu du XIXe siècle. Théoricien du dodécaphonisme ( une composition désormais faite de douze sons), le compositeur, professeur à Vienne puis à Berlin, choisit alors un chemin difficile pour lequel il sera fortement critiqué. Sa musique, considérée comme moins harmonieuse, est jugée sévèrement. Mais il faut se rappeler que le génie de la musique est né à Vienne le 13 septembre 1874 et il évolue dans un univers artistique en pleine effervescence. La Sécession viennoise, avec des artistes comme Klimt, Schiele ou Kokoshka, bat son plein et prône un art total. On est dès lors moins étonnés d'apprendre que Schoenberg peignait à côté de ses créations musicales dans un esprit de Gesamtkuntwerk ou art total. Il exposera aux côtés du mouvement Der Blaue Reiter dont ses principaux représentants sont Kandinsky bien sûr mais également Franz Marc et August Macke. Le musée d'art et d'histoire du judaïsme propose dans son exposition « Arnold Schönberg. Peindre l'âme » présentée jusqu'au 29 janvier 2017, de découvrir les saisissants autoportraits de Schoenberg à travers le prisme de son œuvre musicale puisque le parcours est rythmé par des points d'écoute. Le propos est très bien conçu et fait sens grâce aux différentes pièces musicales de Schoenberg.
Le 8 janvier 2017, nous recevons Fanny Schulman, conservatrice au musée et commissaire de cette exposition très intéressante.
Le sous-titre de l'exposition aurait pu être « Bernard Buffet, le mal-aimé ». Le musée d'art moderne de la ville de Paris revient, dans sa rétrospective, sur le peintre probablement le plus célèbre dans la période de l'entre-deux-guerres mais également le moins compris par la suite. Le jeune Bernard Buffet, né en 1928 à Paris, quitte l'école en 4e et réussit le concours d'entrée à l'Ecole des Beaux-Arts à 16 ans. Il peint alors dans sa chambre chez ses parents rue des Batignolles avant d'aménager un petit atelier dans sa chambre de bonne 11 rue Mariotte. Son succès est fulgurant surtout qu'il gagne le premier prix de la critique à 20 ans organisé par la galerie Placide pour « Deux hommes dans une chambre ». Quelques années plus tard, il rencontre les marchands Maurice Garnier et Emmanuel David. C'est grâce à eux qu'il obtient d'avoir une exposition annuelle toujours à la même période à la galerie Drouant-David (vernissage premier jeudi de février) et à la galerie Visconti pour ses dessins et ses aquarelles. Donc dès le départ, il est remarqué par les institutions, certains collectionneurs. C'est la période de l'entre-deux-guerres, rappelons-le, où il y a ce phénomène de jeunesse. On a besoin d'idoles notamment jeunes : il y a Françoise Sagan, Yves Saint-Laurent, etc.
Mais à partir de sa série sur les oiseaux, tout bascule. Il est désormais très riche, il épouse en secondes noces après huit ans de relations avec Pierre Bergé la pin-up de l'époque Annabel Schwob. La roue a tourné, il est critiqué pour son appartenance à la jet-set. Pourtant, les honneurs continuent : il est élu à l'Académie des Beaux-Arts en 1974, un musée entier lui est consacré au Japon créé par un de ses collectionneurs passionnés mais il est boudé par les institutions. Les journalistes résument le dilemme ainsi : « Alors à votre avis, horriblement beau ou magnifiquement affreux ? » Le musée d'art moderne de la ville de Paris soulève la question dans la rétrospective de Bernard Buffet, présentée jusqu'au 26 février 2017.
Les chroniques :
Marie-Hélène : expo photo : Andres Serrano à la Maison européenne de la photographie jusqu'au 29 janvier 2017
Agathe : Et pourquoi pas? La collection permanente de la Cité de l'architecture et du patrimoine
Charlotte : Les lignes de l'art : le catalogue de l'exposition "Ludwig Van, le mythe Beethoven" jusqu'au 29 janvier 2017 à la Philharmonie de Paris
Les coups de cœur :
Agathe : Philippe Honoré à la mairie du XVIIIe arrondissement de Paris
Charlotte : "La pente de la rêverie, un poème, une exposition" jusqu'au 30 avril 2017 à la Maison de Victor Hugo à Paris
Marie-Hélène : "Carl André. Sculpture as place, 1958 - 2010" jusqu'au 12 février 2017 au musée d'art moderne de la ville de Paris
Marion : "Fantin-Latour, à fleur de peau" jusqu'au 12 février 2017 au musée du Luxembourg
Présentation : Florence Dauly. Co-interview : Agathe Cabau. Chroniques : Marion Bonassies, Charlotte Landru-Chandès, Marie-Hélène Gallay, Agathe Cabau. Réalisation / Louis-Julien Pannetier.