Homeland of the Freaks • Mucho Bizarre
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Cette saison, avec Museum side, on vous emmène parcourir la capitale pour dénicher pour vous les expositions qui valent le coup d’œil ou celles qui au contraire sont un peu décevantes. Le principe : deux expositions à l'affiche dans de grands musées parisiens sur lesquelles nous débattrons avec à chaque fois un invité spécialiste qui nous donnera des clés de compréhension.
Ce soir, pour notre huitième numéro, nous allons fêter deux anniversaires. Le premier est celui d'un génie, un géant de la sculpture, Auguste Rodin. Cette année, de nombreuses manifestations célèbrent le centenaire de sa mort. Le Grand Palais lui consacre une belle exposition (jusqu'au 31 juillet 2017) tandis que le musée Rodin a choisi de donner carte blanche à un artiste contemporain, Anselm Kiefer, jusqu'au 22 octobre 2017. On l'a découvert pour certains ou redécouvert lors de sa très belle rétrospective l'année dernière au centre Pompidou, la première de cette ampleur depuis trente ans. Anselm Kiefer, né en 1945 à Donaueschingen, fait partie de cette génération d'artistes allemands, comme Georg Baselitz, Sigmar Polke, Gerhard Richter, imprégnés de la seconde guerre mondiale, des ruines conséquences de cette guerre et de la nécessité d'une reconstruction. Au tout début de sa carrière, Anselm Kiefer fait d'ailleurs une série de photos dans lesquelles il pose avec le salut nazi un peu partout dans le monde. Nécessité de la mémoire, études des religions : la Bible, la kabbale, certains thèmes sont récurrents chez l'artiste et, de ce point de vue-là, on n'est pas dépaysés dans sa nouvelle carte blanche. Dans le cadre du centenaire de la mort d'Auguste Rodin, Anselm Kiefer a donc eu le champ libre au musée Rodin pour rendre hommage au maître. Qu'est-ce qui rapproche ces deux plasticiens à deux siècles d'écart ? Peut-être le goût du travail de la matière. Pour Kiefer, elle est dense sur le tableau, pour Rodin, elle sera modelée, pétrie encore et encore, sur sa sculpture.
Véronique Mattiussi, responsable scientifique du fonds historique du musée et commissaire de cette exposition, a accepté de venir nous raconter la genèse de ce projet.
En deuxième partie, c'est le Centre Pompidou qui souffle cette année ses quarante bougies. Pour réaffirmer sa mission de décentralisation de la culture, des expositions spéciales ont été conçues partout en France pour présenter les œuvres iconiques de Beaubourg. Nous avons sélectionné le parcours 77 qui revient sur la date de création du centre à travers trois expositions : au château de Rentilly à Bussy-Saint-Martin, à la Ferme du Buisson de Noisiel et au centre photographique d'Ile-de-France de Pontault-Combault. "Dans les trois centres d’art se déploient des œuvres créées ou acquises en 1977, celles d’artistes nés en 1977 ou des œuvres portant un regard sur le musée et son histoire, pour faire circuler les publics et les idées. Le projet revient sur une vision de l’art et de la société, un moment clé porteur d’utopies qui traversent encore la création contemporaine. Reconsidérer ce moment après quarante ans, c’est comprendre comment un musée fait histoire, en conservant mais aussi en modélisant un futur." A la Ferme du Buisson, "Quand Rossellini filmait Beaubourg", présentée jusqu'au 16 juillet 2017, revient sur le film réalisé par l'italien lors de l'inauguration du centre Pompidou en le confrontant à d'autres vidéos. "SoixanteDixSeptExperiment" présentée à Pontault-Combault jusqu'au 16 juillet 2017, revient, elle, sur des pièces de la collection de Beaubourg qui mettent en avant la vitalité de la scène artistique des années soixante-dix mais surtout des artistes féminines. La dernière, "77, hôtel du pavot" au château de Rentilly à Bussy-Saint-Martin, antenne du FRAC Ile-de-France, déploie une installation globale autour de l'œuvre de Dorothea Tanning "Chambre 202, hôtel du Pavot" dans laquelle s'est joué un crime.
Nous évoquerons également l'exposition « A pied d’œuvres » à la Monnaie de Paris qui propose de présenter de très belles œuvres issues également de la collection du centre Pompidou. Ce sont des sculptures contemporaines, seulement elles ne sont plus présentées sur un socle mais sur le sol, en l'air, dans la nature. La tradition classique est bouleversée pour notre plus grand plaisir. On peut voir à l'entrée une vidéo montrant Robert Smithson marchant le long de sa Spiral Jetty, spirale de cailloux qui est la première œuvre connue du land art. On retrouve la patte de Michel Blazy qui expose sur le sol du papier toilette, voué à se décomposer, et une performance de Richard Serra, une vidéo dans laquelle il essaye d'attraper un objet d'une main en jouant avec la gravité. On joue donc avec l'occupation des sols dans cette exposition mais aussi avec le sacré. James Lee Byars pose 1000 boules de verre rouge sur le sol qui représentent une figure ésotérique, symbole de la transcendance de l'art. On passe aussi bien d'une œuvre d'Yves Klein à une sculpture hybride, mi-animal, mi-homme de Giacometti. Une des salles est consacrée aux performances, l'occasion de revoir Orlan prenant avec son corps les mesures d'une salle ou d'un trottoir. On en prend plein les narines et les pupilles en regardant les carrés colorés d'épices de Claudio Parmiggiani. Et, ensuite, en revenant sur ses pas, on ressort en marchant sur la vidéo de Pipilotti Rist, petit bijou, montrant le ciel et les toits. Venez donc voir à la Monnaie de Paris des œuvres qui vous feront voyage ou tourner la tête jusqu'au 9 juillet 2017.
Chroniques
Agathe : Et pourquoi pas les collections permanentes du centre Pompidou
Charlotte : Le catalogue de l'exposition "Ciao Italia ! Un siècle d'immigration et de culture italiennes en France (1860-1960)" jusqu'au 10 septembre 2017 au musée national de l'histoire de l'immigration
Marie-Hélène : Eli Lotar (1905-1969) jusqu'au 28 mai 2017 au musée du Jeu de Paume
Coups de cœur
Agathe : l'événement "Afriques capitales" jusqu'au 28 mai 2017 à la Villette
Marie-Hélène : "Peter Campus, video ergo sum" au Jeu de Paume jusqu'au 28 mai 2017
Marion : "100 chefs d'œuvre de l'art moderne et contemporain arabe, la collection Barjeel" à l'Institut du monde arabe jusqu'au 2 juillet 2017
Charlotte : "Pissarro à Eragny. La nature retrouvée" jusqu'au 9 juillet 2017 au musée du Luxembourg
Florence : "Jacques Truphémus. L'intimité révélée" à la propriété de Gustave Caillebotte à Yerres jusqu'au 9 juillet 2017
Présentation : Florence Dauly. Co- interview : Agathe Cabau. Chroniques : Marie-Hélène Gallay, Charlotte Landru-Chandès et Marion Bonassies. Réalisation : Louis-Julien Pannetier