Les émissions exceptionnelles (encore plus que les autres) • Émissions spéciales
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Au programme de cette première Matinale de la semaine, du théâtre militant avec Guillaume Barbot, metteur en scène de On a fort mal dormi, suivi d’une plongée dans le quotidien des écrivains publics avec un reportage de Léa Capuano en partenariat avec Aire 10.
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Depuis le 21 février et jusqu’au 12 mars, se joue au Théâtre du Rond Point une pièce pas comme les autres, entre les lettres et la science, le spectacle et l’expérience, la fiction et la réalité. Adapté des deux essais coup de poing de l’anthropologue et psychanalyste Patrick Declerck, Les Naufragés (2002) et Le Sang nouveau est arrivé (2005), On a fort mal dormi retrace le parcours singulier de ce chercheur qui a étudié les "clochards" de Paris pendant une quinzaine d’années en leur servant de psy, mais aussi en s’habillant comme eux et en se faisant ramasser par les bus de la Mairie dans les années 1980,. Direction l’âpreté du centre d’hébergement de Nanterre, sorte d’épicentre du cauchemar – aujourd’hui rénové. Pour en parler, nous recevons Guillaume Barbot, le metteur en scène et créateur de la compagnie Coup de Poker. Avec lui, nous évoquons le travail particulier que représente la transformation de deux ouvrages scientifiques en spectacle théâtral, mais aussi, et surtout, les enjeux citoyens de la pièce, construite comme un monologue militant porté par la voix grave de Jean-Christophe Quenon, « ogre tendre » seul en scène pendant plus d’une heure. Témoignage enragé et alarmant, On a fort mal dormi interroge ainsi autant les logiques d’exclusion sociales, d’une extrême violence, qui structurent l’espace public que le mythe hypocrite de la réinsertion, ou encore les relations, plus que jamais fondamentales, qui unissent l’art et l’engagement politique.
« En lisant le bouquin et en travaillant sur la pièce, j’ai vu que l’horreur de la rue était un crime qu’on laissait faire tous les jours. […] Le théâtre apporte ici quelque chose sur un sujet dont on ne veut pas entendre parler. »
En deuxième partie d’émission, Léa Capuano, journaliste de la rédaction, a accompagné Lynda et Charlie, animateurs du Centre Social AIRES 10, pour réaliser le reportage "Babylone Scribe, pas des lettres d'amour". Rencontre avec les écrivains publics et ceux et celles à qui ils s’adressent. Loin de l’image de Cyrano qui peut leur coller à la peau – peu de lettres d’amour enflammées – ces gens de mots mal-connus ont surtout un rôle sociétal précieux. Avec patience et bienveillance, il s’agit d’aider les plus ou moins démunis à remplir des papiers administratifs, monter des dossiers pour une aide au logement, écrire une lettre motivation ou candidater à une formation, voire passer des coups de fil. Leur rôle est d’endiguer la peur, de tendre une main humaine à ceux et celles que la lourdeur et la complexité de la machine administrative écrase et exclut, pour les aider à reprendre confiance. À l’heure du tout numérique, alors que de plus en plus de démarches s’informatisent, la fonction des écrivains publics est aussi de retisser du lien dans une société de plus en plus désincarnée, où l’accès à internet ou aux ordinateurs est loin d’être la norme.
« On demande aux gens de se prendre en charge, mais ce n’est pas si simple. Il y a tout un langage de l’administration qui n’est pas commun à tous. »
Pour découvrir les autres activités d'éducation populaire de Radio Campus Paris, c'est par ici, sur la page Médiation.
Enfin, côté reportage, Tessa nous offre une plongée dans l'univers du jeu vidéo alternatif avec la Zoo Machine Exhibition de Random Bazaar
Présentation : François Pieretti / Co-interviews : Julien Abou et Marion Guichaoua / Reportages : Léa Capuano / Chroniques : Tessa Robinson / Réalisation : Pierre-Henri Dimitriu / Web : Maureen Lepers / Coordination : Marion Guichaoua et Elsa Landard