Le rendez-vous hebdomadaire des mouvements jeunes et citoyens • Univox
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"Voulez-vous que la Nouvelle-Calédonie accède à la pleine souveraineté et devienne indépendante ?". C'est la question à laquelle les 160 000 électeurs calédoniens inscrits sur les listes électorales (et arrivés en Nouvelle-Calédonie avant 1994) pourront répondre le 4 novembre prochain lors du référendum qui décidera de l'avenir de l'île ! Et pour en parler et essayer de comprendre tous les enjeux qui pèsent sur ce référendum, sur une île au statut unique et ayant connu le drame d'Ouvéa en 1988, la Matinale de 19h reçoit deux personnes concernées par l'avenir du Caillou. Steeven Gnipate, journaliste d'Outre-Mer Première et kanak originaire de l'île d'Ouvea et Alain Christnacht, haut fonctionnaire ayant participé à la rédaction des accords de Matignon de 1988 et de Nouméa en 1998.
Et avant de parler de l'évolution sur 20 ans de la situation politique en Nouvelle-Calédonie, un petit retour en arrière historique s'impose ! Alors qu'en 1986, la Nouvelle-Calédonie est ré-inscrite sur la liste de l'ONU des pays à décoloniser, les tensions grandissent entre kanaks et caldoches, tout comme au sein de la communauté kanak. Le drame d'Ouvea de 1988 vient clôre cette escalade.
"Dans les années 1980, deux opinions extrêmes se sont retrouvées confrontées sans possibilité de dialogue et dans une logique d'affrontement. Même les modérés au milieu de ces deux blocs qui s'affrontaient n'avaient aucune place. On était soit indépendantiste soit pro-France." Steeven Gnipate
Depuis, le dialogue s'est détendu et trois forces structurent la vie politique : les indépendantistes, les anti-indépendantistes, et l'Etat. Avec quelques nuances cependant. L'évolution de la démographie calédonienne et l'immigration ont été telles que la population n'est plus constituée qu'à 40 % de kanaks alors qu'ils étaient majoritaires il y a 20 ans. Si les kanaks sont autant indépendantistes que dans les années 80, selon Alain Christnacht, ils ne demandent plus la même indépendance radicale, mais considèrent la France comme un partenaire. Selon Steeven Gnipate, pour qui la pluri-ethnicité en Nouvelle-Calédonie est essentielle, un autre facteur essentiel est que la jeunesse calédonienne d'aujourd'hui est moins politisée que celle qui a vécu les événements des années 80, les couvre-feux, les barrages ... Ce n'est pas pour rien qu'on l'appelle la "la génération de la paix". Cette population urbanisée se mélange plus et ce qu'elle se demande, c'est "comment va-t-elle faire pour continuer à vivre ensemble".
"Le problème calédonien qui existe depuis longtemps c'est surtout quelles sont les populations calédoniennes légitimes à se prononcer." Alain Christnacht
Pour ce qui est du référendum et de ses conséquences concrètes, c'est une consultation politique importante mais pas nécessairement décisive, comme nous le rappellent nos invités. En cas de victoire du "oui", l'indépendance sera accordée immédiatement. Mais si le non l'emporte le 4 novembre prochain, deux autres consultations devront être organisées en l'espace de 3 ans pour confirmer ce résultat. La raison de ce mécanisme inégal ? Ce sont les indépendantistes qui en sont à l'origine. Ils ont demandé ces deux référendums supplémentaires pour se laisser deux chances de plus de convaincre les indécis, si le non l'emportait. Une décision qui montre que les indépendantistes ont évolué dans leur positionnement politique, nous dit Alain Christnacht.
"Même si tous les kanaks votaient pour l'indépendance, ce qui n'est pas le cas, on n'arrive pas à 50 % des votes." Alain Christnacht
Parler de la Nouvelle-Calédonie c'est aussi l'occasion de parler des ressources naturelles présentes dans ces territoire d'outre mer. En l'occurrence, le nickel, qui reste la principale source de revenu de l'île, n'est déjà plus sous la compétence de l'Etat français. C'est donc moins une question politique qu'un enjeu de diversification de l'économie puisqu'il représentait encore l'année dernière 75 % des exportations de la Nouvelle-Calédonie. On pense également aux traités internationaux et de commerce qu'il faudra re-négocier avec les pays voisins en cas de victoire de l'indépendance : Australie, Nouvelle-Zélande ...
Pluri-ethnicité, importance de la terre, politique étrangère, économie et ressources naturelles ... Une histoire à suivre donc, et par soi-même, puisque qu'elle n'est pas encore racontée à l'école.
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Pour clôre ce débat sur l'outre-mer, Vincent nous parle d'une autre île qui vit depuis plusieurs années des changements socio-politiques : Mayotte. Entre crise sociale, immigration et séisme, on revient sur l'histoire et les particularités de cet archipel français aux portes des Comores.
Et en deuxième partie on vous parle de la soirée Brouillage à Petit Bain, organisée par Radio Campus Paris pour sa tournée des 20 ans. Et elle aura lieu ce jeudi 14 juin de 16h à 23h ! Avec nous en plateau dans la Matinale de 19h, Mélanie Péclat, co-fondatrice de Brouillage, ce festival de création sonore dont on fête la 5ème année, et Maxime Fassiotti, un des jurés du concours de création sonore organisé par Radio Campus Paris, "Oreilles Curieuses". Au programme de la soirée, goûters d'écoute, plateau radio avec la revue Syntone au sujet de la création sonore, et remise des prix du concours de création sonore de Radio Campus Paris. Vous voulez savoir qui a gagné les prix ? Rendez-vous ce jeudi 16h à Petit Bain.
Présentation : Philippine Renon / Co-interview : Inès Edel Garcia et Nina Beltram / Chroniques : Vincent / Réalisateur : Adel Ittel / Web : Nina Beltram