Pour la première du « Prochain épisode », entrons dans le vif du sujet, et parlons de la mise en abyme dans les séries télévisées. Pour décrire la télévision, on a bien souvent employé la métaphore de la fenêtre et du miroir : la télévision serait à la fois une ouverture sur le monde, un moyen d'évasion, et une réflexion sur notre société. 

Car pour parler de la télévision, qui est mieux placé que la télévision elle-même ? En effet, les séries télévisées ont, depuis les premières heures de la télévision, développées la capacité à mettre en abyme leur dispositif, leur fonctionnement avec le spectateur, et le médium qui les caractérise : l’écran. Et partout, dans Friends, Six Feet under, Les Simpsons, et ainsi de suite, les personnages regardent la télévision, et la commentent.

La capacité d’un art à se mettre en abyme ne date pas d’hier, et c’est même un topos en histoire de l’art. On la trouve en littérature, en peinture, en musique… La stratégie de mise en abyme dans les séries télévisées peut donc être vue comme un processus de légitimation. Car qui dit mise en abyme dit réflexion, dans les deux sens du termes : qui fonctionne comme un miroir, et qui donne à penser.

On peut voir, dans les séries, trois types de réflexion : celle de la série elle-même d’abord, car les personnages de séries passent leur temps à regarder des séries, et même à les écrire ou à y jouer, pensons à Friends ou Seinfeld. Celle de la télévision ensuite, car la série est capable de montrer, par la mise en abyme, son propre fonctionnement, son médium. C’est ce qui permet le troisième type de mise en abyme : celui du spectateur, qui se retrouve alors confronté à sa propre image, et est invité à remettre en question les mécanismes d’identification et d’addiction engendrés par sa position spectatorielle.

Faisons donc un petit tour d’horizon de la mise en abyme dans les séries télé !

 Les sons : Steve Reich, « Six Marimbas », 1986; The Hour, générique; Seinfeld, « The Pitch », Saison 4, épisode 3; Urgences, « Ambush », Saison 4, épisode 1.