Découvrez les chouquettes de la littérature d'aujourd'hui ! • Le temps des chouquettes
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Cette émission a été réalisée en collaboration avec Les Voix du Crépuscule
Quel est l'impact de la musique des populations immigrées en France, des années 1960 à 1980 ? C'est un métissage qui s'est construit progressivement, tout au long des décennies de décolonisation, grâce aux immigrations post-coloniales.
En effet, le 5 juillet 1962, Alger, le peuple algérien célèbre dans une grande liesse l'émancipation de son pays, après 132 ans de colonisation par la France. Le 6 août 1962, la petite Jamaïque, prend, elle, son indépendance du Royaume-Uni. Ces deux indépendances interviennent à la fin d'un processus de décolonisation qui a vu le Royaume-Uni et la France se séparer de la quasi-totalité de leurs immenses empires coloniaux.
Le 5 octobre 1962, sort sur les radios britanniques une chansonnette intitulée "Love me do", signée par un jeune groupe de quatre garçons alors inconnus : les Beattles. C'est le début de ce qu'on appellera la British Invasion, ou l'entrée fracassante de l'Angleterre dans le monde du rock-n'roll, jusqu'alors exclusivement américain. Dans le même temps à Paris, le bal musette sombre dans la désuétude la plus totale, incapable de rivaliser avec le son amplifié du rock'n'roll qui envahit les dancefloors de la ville.
La France et l'Angleterre entrent dans une nouvelle ère politique et musicale. Dans ce nouveau contexte postcolonial, des migrations en provenance des anciens empires arrivent dans les deux pays assoiffés de main d’œuvre. Si elles viennent avant tout grossir le monde ouvrier, elles se font également vite connaître par les scènes artistiques, et notamment musicale. C'est à Paris que la chanteuse algérienne Noura vient enregistrer ses premiers succès - elle deviendra très populaire auprès des diasporas maghrébines -. C'est à Londres que le chanteur de ska jamaïcain Prince Buster vient enregistrer son premier disque en 1960, et que la très jeune Millie Small, aussi venue de Jamaïque, réalise le tube "My Boy Lollipop", premier tube international de ska.
Paris et Londres sont passées de capitales coloniales à capitales culturelles, précisément à travers les expressions des immigrations postcoloniales. Ce phénomène changera la manière dont nos sociétés se regardent et se vivent aujourd'hui, et façonnera notre discours positif sur la diversité.
C'est de cela que parle l'exposition Paris-Londres, qui se tiendra au musée national de l'histoire de l'immigration (d'où nous enregistrons cette émission), entre mars 2019 et janvier 2020, revenant sur 30 ans de scène musicale immigrée de 1962 à 1989.
Invités :
Angéline Escafré-Dublet, co-commissaire de l'exposition Paris-Londres, maîtresse de conférence en sciences politiques à l'université Lumière Lyon 2.
Nabil Djedouani, acteur et réalisateur, lauréat de la résidence "Frontières" du Musée National de l'Histoire de l'Immigration et du GREC (groupe de recherches et d'essais cinématographiques) pour le projet d'un court-métrage sur les concerts Rock Against Police.
Hélène Orain, directrice générale du Palais de la Porte Dorée, qui parlera du partenariat entre Les Voix du Crépuscule et Le Musée National de l'Histoire de l'Immigration.